L'armée congolaise étale un nouveau succès, la reddition de 130 insurgés

GOMA (RDCongo), 18 oct 2007 (AFP) - Alignés en rangs peu réglementaires, quelque 130 soldats dépenaillés écoutent, hagards, les instructions de leur nouveau capitaine de l'armée régulière congolaise: ils viennent de déserter les rangs du dissident Laurent NKunda au Nord-Kivu (est). Sur un terrain bordant le lac Kivu, non loin de l'abattoir de la capitale provinciale Goma, ce groupe dépareillé assiste au va-et-vient des gradés de l'armée qui, sourire au lèvre, étalent leur succès à la presse conviée pour l'occasion. Mercredi encore, ces quelque 130 hommes, vêtus pour certains de l'uniforme et des bottes en caoutchouc noir caractéristiques du camps de Laurent Nkunda, se battaient pour le général déchu tutsi congolais dans un de ses fiefs du territoire de Masisi. Laurent Nkunda s'est toujours posé en défenseur de la minorité tutsie et a affirmé qu'il ne quitterait pas le maquis tant que des rebelles hutus rwandais des FDLR - dont certains ont participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre les Tutsis - seraient basés en RDC. "Il faut que les FDLR rentrent chez eux. Quand on me disait de combattre les FDLR, j'étais convaincu. Mais quand on se bat contre les FARDC (Forces armées de République démocratique du Congo), on réalise qu'on est en train de s'entretuer entre frères congolais. C'est pour ça que je suis parti", explique le "lieutenant" Innocent Shaka, un des rares Tutsis du groupe. "On a beaucoup réfléchi entre amis (soldats). Quand, au combat, on va voir les cadavres, on se rend compte que ce sont nos frères ou des gens qu'on connaît. A quoi bon? Autant nous rendre pour aller au brassage", ajoute Innocent, qui a quitté jeudi matin sa position à Mushake pour aller à la rencontre des FARDC sur une route en contrebas. Ces hommes sont en effet appelés à rejoindre le processus national de réforme de l'armée, dit de "brassage", avant d'intégrer les rangs. En attendant, les gradés des FARDC, torse bombé, se font fort de leur inculquer un peu de discipline, leur ordonnent un "demi-tour gauche!" qui se révèle calamiteux, avant de leur donner un matelas et une couverture pour deux. Ils recevront également 20.000 francs congolais (40 dollars), une "prime" fixée pour chaque combattant de Nkunda acceptant de se rendre. "Demain, je m'attends à plus de 300 (redditions)", entonne de son côté le commandant en second de l'armée au Nord-Kivu, Delphin Kahimbi. "Je crois que quelque part, les militaires qui oeuvraient aux côtés de Nkunda commencent à comprendre qu'ils sont dans un chemin de mort, un chemin sans avenir", assure-t-il. Mercredi, le chef de l'Etat Joseph Kabila avançait le chiffre de plus de 1.000 défections dans les rangs de Nkunda mais des observateurs en RDC l'estime surévalué et parlent de plusieurs centaines. Reste que sur le terrain, quelque 5.000 hommes de Nkunda, réputés pour leur discipline, occupent toujours leurs positions et, selon un de leur commandant, sont prêts à riposter à une nouvelle offensive des FARDC, qui ont massé plus de 20.000 hommes dans la région.