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VIGILANCE RDC
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5 novembre 2007

Attention, médicaments dangereux

Les crashes des avions Antonov ont suscité des débats très houleux à la suite de nombreuses victimes. L’une des causes principales demeure sans conteste le non respect de la réglementation en vigueur, dans ce domaine bien précis. Pour la même cause qui produit les mêmes effets, des drames quotidiens sont enregistrés dans le secteur de la pharmacie ; des morts silencieuses consécutives à l’absorption des médicaments. Il est temps d’être plus regardant, car le médicament, un poison par définition, peut décimer tout une population s’il est géré et manipulé par des mains inexpertes. C’est ce danger qui agit déjà en République démocratique du Congo. A côté des catastrophes aériennes plus visibles. La remise en ordre dans tous les secteurs vitaux de la vie nationale s’impose comme une nécessité. Il ne s’agit pas seulement de rétablir l’autorité de l’Etat, mais de préserver la vie des populations face à n’importe quel danger. L’on se rappellera qu’il y a de cela quelques jours, plus précisément le 4 octobre 200p, un avion de marque Antonov s’est écrasé à Kingasani, dans la commune de Kimbanseke. Catastrophe aérienne qui a causé la mort de plus d’une cinquantaine de personnes et occasionné des dégâts matériels très importants. Rien de surprenant s’il s’était serait agi d’un premier accident aérien. Mais est-il que les avions Antonov connaissaient déjà d’autres précédents qu’il a été décidé de leur interdire le vol. Une décision qui ne visait qu’à faire respecter la réglementation en vigueur en matière de transport aérien de manière à réduire sensiblement des catastrophes et préserver ainsi la vie des personnes. Malheureusement, cette mesure portant interdiction de vols des avions Antonov a subi des interférences des autorités politico-administratives jusqu’à provoquer ce débat houleux après le crash de Kingasani ya Suka. On attend encore l’aboutissement des enquêtes. Mais cela ne changera rien au drame qui interpelle déjà les bonnes consciences. LE MEDICAMENT TUE Interpellation ? Oui. Parce qu’il y a encore du désordre et de la confusion dans d’autres secteurs de la vie nationale qui comptent également des morts au quotidien. Tel le domaine de la pharmacie et du médicament où l’on assiste à un imbroglio total. De quoi se demander si le ministère de la Santé publique contrôle ce secteur et que la réglementation est respectée. La réponse est négative à voir comment les pharmacies et les maisons de vente en gros poussent comme des champignons et fonctionnent en dehors de toutes normes, la façon dont les médicaments entrent dans le pays, sont consensé, circulent n’importe où et la qualité du personnel que l’on rencontre dans ces «officines» et qui manipulent les médicaments. Si le médicament guérit, il est par définition un « poison ». Si les normes en la matière ne sont pas respectées sur tout le circuit du médicament, c’est-à-dire, de la fabrication jusqu’ à la consommation en passant par la distribution et la dispensation, le médicament devient un poison et il « tue ». Sans pitié. Mais toujours en silence. Et apparemment, ces « morts silencieuses » passent inaperçues, alors qu’il s’agit des véritables drames à plus grande échelle susceptibles de décimer toute une population, à l’instar d’une bombe atomique ou nucléaire. Plus grave, ces « tueurs silencieux »,à défaut de donner la mort, laissent des cicatrices qui peuvent marquer à jamais la victime et ses proches. Or, il y a maintenant à dire et à redire dans le domaine de la pharmacie. Ce secteur est aujourd’hui envahi par des oiseaux de tous bords. Nombreux sont entrés par effraction dans ce secteur, portant ainsi atteinte à l’honorabilité de la profession de pharmacien. Mais attirés par le lucre et devant cette confusion qui caractérise ce secteur, ils sont aujourd’hui des imposteurs doublés de criminels. Il suffit seulement de se présenter devant une pharmacie pour se rendre compte de la véracité des faits. Le pharmacien de fortune, devant une ordonnance, se met souvent à la retourner dans tous des sens pour la déchiffrer. Il est soit l’épouse ou le fils, frère ou cousin du propriétaire de la pharmacie. Et le plus souvent, lorsque le médicament prescrit ne s’y trouve pas, il s’empresse de vous recommander un autre qui produirait les mêmes effets curatifs. Quant aux prix, ils varient d’une pharmacie à l’autre. Et le plus souvent, il est hors de la bourse du Congolais moyen. Une récente étude du PNAM( programme national d’approvisionnement en médicaments essentiels) menée à travers tout le territoire national vient d’apporter les preuves que le médicament coûte très cher en RDC. Mais comment peut-il en être autrement lorsque l’on sait que les droits et taxes à l’importation des médicaments en RDC sont les plus élevés en Afrique francophone avec des hauteurs qui, peuvent atteindre 30 à 35 % ? Comment peut-on justifier cela lorsque l’on sait que la RDC est un pays sinistré post-conflit et que sa population vit avec moins d’un dollar par jour ? C’est vraiment absurde et une condamnation des populations congolaises à la mort. Et pourtant, le droit aux soins médicaux est un droit universellement consacré. On dirait qu’en RDC, les populations n’ont pas ce droit. Voilà pourquoi l’Etat prélève encore un impôt sur la pauvreté ou fait de la discrimination en favorisant les services publics par rapport aux intervenants privés. Mais au fait, les obligations de l’Etat en matière de santé concernent indistinctement les riches et les pauvres, et il n’y a pas de maladies publiques ni privées ou de malades publics ni privés. Tous ont droit à la santé et aux médicaments de qualité, et chaque personne a la liberté de se choisir son médicament. En matière de médicaments et de leur taxation, il est temps que les gouvernants comprennent que taxer le médicament, c’est imposer la maladie et la pauvreté, c’est faire du médicament un commun bien commerçable; c’est favoriser la fraude douanière, le marché parallèle, la circulation des médicaments de qualité douteuse, la corruption et la concurrence déloyale; c’est aussi prélever une prime à la mort... Mais le scandale atteint son paroxysme quand on voit comment ces médicaments sont conservés et vendus. A Kinshasa, au centre de la ville où les dépôts pharmaceutiques rivalisent avec les maisons de commerce, les médicaments sont vendus à même le sol. Des ménagères se sont transformées en « pharmaciennes » et écoulent leurs produits vaille que vaille, éjectant ainsi « du poison » à coups de vent, moyennant des espèces sonnantes. Que dire du service rendu par ces dépôts pharmaceutiques et de normes de fonctionnement auxquelles ils sont assujettis? Il n’y a vraiment pas de professionnalisme et le service est approximatif, les prix sont illicites, il y a concurrence déloyale manifeste, un personnel expatrié pléthorique et inutile qui confisque le travail devant revenir aux compétences nationales, un personnel national sous rémunéré. Quant au respect des normes de fonctionnement et à l’assurance de la qualité, rien n’est fait. La qualité des médicaments circulant en RDC, il faut, selon les professionnels, dire qu’elle est douteuse et ne peut pas garantir la santé des populations. Cette situation est favorisée par l’inefficacité des contrôles aux portes d’entrée, la multiplicité des sources d’approvisionnement, la multiplicité des points de vente (trop plein des «pharmacies» et des dépôts), l’exercice illégal de la profession de pharmacien, l’absence d’une loi consacrant le médicament comme bien social et stratégique, la hauteur élevée des doits et taxes à l’importation des médicaments, matières premières et autres intrants pharmaceutiques. LE CRI D’ALARME DES PHARMACIENS Les professionnels de ce secteur ont déjà tiré la sonnette d’alarme. Déjà en 1975, ils avaient élaboré le « Manifeste de la santé et du bien-être ». Ils ont récidivé en 1978 avec la « Stratégie des soins de santé primaires ». En 1998, ils proposaient « la réforme du secteur de la Santé » dans la perspective d’une formulation de la nouvelle politique de santé en République démocratique du Congo. Laquelle nouvelle politique devrait être soutenue par un Plan décennal de développement sanitaire 1999 – 2008, en abrégé PDDS, en plus de l’élaboration triennale d’action sanitaire 2004 – 2006. Mais en décembre 2005, avec le concours de l’ Organisation mondiale de la santé, OMS, un atelier a été organisé avec comme objectif d’élaborer la « Politique pharmaceutique nationale ». Pour les participants, cette « Politique Pharmaceutique Nationale est un ensemble d’orientations arrêtées au regard de la situation préoccupante actuelle du secteur pharmaceutique en vue d’assurer au pays un approvisionnement suffisant et un usage rationnel des médicaments essentiels de bonne qualité, sûrs, efficaces et à moindre coût ». Aussi, des problèmes ont été identifiés et des stratégies définies pour leurs solutions progressives. En attendant l’élaboration du Plan Directeur Pharmaceutique qui est le suivi de la mise en œuvre de la Politique Pharmaceutique Nationale pour une amélioration progressive et durable de la situation pharmaceutique, selon les conclusions de cet atelier, les domaines ci-après constituent des priorités urgentes : Renforcement de la règlementation ; Approvisionnement ; Usage rationnel des médicaments, Renforcement des structures de contrôle de qualité et du système d’assurance ; Renforcement de la capacité institutionnelle et gestionnaire de l’autorité de réglementation, Création d’un corps des pharmaciens inspecteurs ; amélioration du programme de collaboration entre la RDC et l’OMS. Les pharmaciens avaient mis un accent particulier sur les stratégies d’intervention, le choix des médicaments et produits pharmaceutiques, la médecine traditionnelle et les médicaments traditionnels, l’approvisionnement, le coût des médicaments et politique des prix ; l’assurance de la qualité du médicament, l’usage rationnel des médicaments, l’information pharmaceutique, le développement des ressources humaines, la recherche et le développement, la coopération technique. A chacun de ces points, ils avaient rappelé les engagements du gouvernement. Notamment d’éditer des textes législatifs et réglementaires ; s’assurer de la sélection des médicaments; veiller à l’ homologation du couple « Fabricant / Médicaments pharmaceutiques »; développer et promouvoir la médecine traditionnelle ; renforcer la capacité institutionnelle ; approvisionner régulièrement et suffisamment la RDC en médicaments essentiels génériques sous DCI, promouvoir la production locale des Médicaments Essentiels Génériques (MEG), élaborer et faire promulguer une loi sur le statut social du médicament comme produit stratégique et sécuritaire ; créer un laboratoire national d’assurance et de contrôle qualité des médicaments ; s’assurer si les médicaments mis à la disposition de la population sont de bons médicaments, administrés à de bonnes personnes, à la bonne dose, au bon moment et de la bonne manière ; renforcer la règlementation en matière de prescription et de dispensation des médicaments, en l’adoptant aux Soins de Santé primaires ; revoir à la hausse le budget de l’Etat dans le domaine de la santé, intensifier et favoriser la formation des assistants en pharmacie, encourager et promouvoir l’effort de recherche…. Pour éviter que les pharmacies ne deviennent des « mouroirs ou des cercueils ambulants», il y a lieu de faire l’état des lieux de cet atelier et de réagir en conséquence. Pour moins des « morts silencieuses ». Pour sauver la vie des populations et crédibiliser l’action du gouvernant, des mesures urgentes et draconiennes doivent être prises. Elles passent par l’application sans faille de la législation existante. Ainsi, si des constructions anarchiques ont été démolies et le seront encore, les établissements pharmaceutiques sans autorisation d’ouverture du ministre de la Santé et d’autres qui ne remplissent plus les normes ayant prévalu au moment de leur autorisation, doivent être fermés sans délai. L’Etat doit cesser d’être laxiste, négligent, complice et irresponsable. Ses 5 chantiers ont besoin des bras, des hommes et femmes en bonne santé, certes, mais aussi d’un Etat crédible et fort, capable de faire respecter ses propres lois. SWANMINES Sprl, un partenariat entre H&J et Gécamines AFRICO Resources Ltd, une société canadienne investissant en RDC Droits de reproduction et de diffusion réservés © Le Potentiel 2005 Usage strictement personnel. L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la licence de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions. Source : le potentiel
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