Fuite de 28.000 déplacés en RDC: Nkunda veut "hypothéquer" la paix (MAE)

KINSHASA, 13 nov 2007 - Le ministre des Affaires étrangères de la République démocratique du Congo (RDC) a accusé mardi soir l'ex-général tutsi congolais Laurent Nkunda de tenter d'"hypothéquer" les efforts de Kinshasa et de Kigali en faveur de la paix dans la région des Grands Lacs africains. Nkunda cherche "à détourner l'attention de l'opinion de l'effort que nous faisons pour pouvoir remettre de l'ordre et de la sérénité dans cette région", a déclaré Antipas Mbusa Nyamwisi à la presse, à l'issue d'un entretien avec plusieurs ambassadeurs en RDC, dont ceux des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU. Mardi matin, plus de 28.000 déplacés ont fui la zone de Mugunga, au Nord-Kivu (est), après l'attaque d'une position de l'armée non loin de leurs camps, selon l'ONU. Les autorités congolaises ont attribué cette attaque aux troupes insurgées ralliées à Nkunda, que l'armée accuse d'avoir voulu "massacrer" des déplacés. M. Mbusa a affirmé avoir "attiré l'attention" des ambassadeurs "sur le fait que M. Nkunda a voulu hypothéquer, ce matin, l'esprit et la lettre de notre communiqué conjoint (RDC-Rwanda)", publié le 10 novembre à Nairobi. Dans ce texte, Kinshasa s'est engagé à présenter le 1er décembre un "plan pour éliminer la menace" constituée par les rebelles hutus rwandais basés en RDC, et Kigali à "empêcher toute forme de soutien" à un groupe armé en RDC, évoquant en particulier le "chef de milice dissident Nkunda". La traque des rebelles hutus rwandais en RDC est l'une des principales revendications de l'ex-officier tutsi congolais Nkunda, qui se pose en défenseur de sa communauté et est considéré par plusieurs responsables congolais comme un protégé de Kigali. "Maintenant que nous avons un entendement commun avec Kigali, nous avons besoin de maximum de soutien pour que des acteurs (...) comme Nkunda n'hypothèque pas" les tentatives de stabilisation de la région, a souligné M. Mbusa. Depuis la fin août, le Nord-Kivu est le théâtre de combats entre l'armée congolaise, qui y a massé quelque 20.000 hommes, et quelque 4.000 soldats insurgés ralliés au général déchu tutsi congolais Nkunda, mais aussi de milices locales et étrangères.