Nord-Kivu: les clés pour comprendre

Qui sont les rebelles qui s’affrontent sur ce territoire?
Ils sont de deux types. Les rebelles congolais, d’abord, sont des fidèles de l’ex-général Nkunda, un Tutsi dissident qui refuse de rejoindre l’armée gouvernementale de crainte que les Tutsis, une ethnie minoritaire au Congo, ne soit plus protégée dans cette région. Depuis décembre 2006, ils sont près de 450 000 Tutsis du Congo à s’être réfugiés dans la zone contrôlée par Nkunda, dans des camps. Ils craignent l’autre type de rebelles, des Rwandais.

Qui sont ces Rwandais?
Ce sont des Hutus des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), en partie des ex-génocidaires qui viennent sur le sol congolais pour se réfugier mais aussi renverser indirectement le régime rwandais tutsi. D’où le soutien du Rwanda à Nkunda, de façon non officielle.

Que fait l'armée gouvernementale déployée dans la région depuis le mois d'août?
Elle a affronté les rebelles début décembre. Elle était gonflée à bloc lorsqu’elle est intervenue et a repris le contrôle pendant une semaine. Mais les rebelles de Nkunda ont pris l’avantage. Je pense que cela va rester ainsi un bon moment. La carte militaire n’est pas idéale, les territoires sont partagés et morcelés entre les factions rebelles… mais au moins il existe une certaine stabilité.

Quels risques courent les civils dans ces affrontements entre armée et factions rebelles?
Pour le moment, les civils fuient par centaines de milliers mais ne sont pas ciblés. Ils n'en restent pas moins vulnérables. La première chose qui menace leur vie, à vrai dire, ce sont les maladies, comme le choléra ou la rougeole. Il y a aussi un grand manque de nourriture et de trop fréquentes violences sexuelles commises par toutes les factions. Les différents groupes armés se livrent aussi à des pillages et recrutent des enfants-soldats dans les camps, dans cette zone si militarisée qu’il y a un soldat pour un civil.

Que peut faire le gouvernement congolais pour débloquer la situation et trouver une issue pacifique?
Jusqu'à présent, le gouvernement continue de dire aux rebelles de Nkunda: "intégrez l'armée régulière puis nous discuterons de vos revendications", tandis que Nkunda répond: "accordez-nous ce que nous demandons, plus de protection pour les Tutsis, et nous intégrerons l'armée régulière". Mais si le gouvernement s’engage à accorder une protection spécifique aux Tutsis qui ont peur des rebelles Hutus, alors il se retrouvera face à 199 autres ethnies minoritaires qui demanderont la même chose. Le Congo, conçu à l’origine comme un Etat-tampon, est composé de tant d’ethnies.

Que peut entreprendre la communauté internationale?
L’ONU n’a pas le droit de discuter avec les rebelles. Le seul espoir, c’est que l’Union européenne ou les Etats-Unis viennent dans la région, envoient des émissaires pour entamer le dialogue, même de façon secrète, afin de sortir de cette crise de façon pacifique.