L'Espagne poursuit l'armée rwandaise pour génocide
L'Audience nationale, principale instance pénale espagnole, va
poursuivre 40 militaires rwandais pour "génocide, crime contre
l'humanité et terrorisme", pour des faits commis dans les années 90 au
Rwanda, selon un communiqué de l'Audience nationale.
"Il existe des indices rationnels et étayés selon lesquel les plus
hauts responsables de l'organisation politico-militaire APR/FPR
(Armée/Front patriotique rwandais), parmi lesquels se trouvent les
personnes poursuivies, ont déployé tout un éventail d'activités
criminelles", selon l'acte résumant la décision de l'Audience nationale.
Ces responsables ont "pris le pouvoir par la force (...) prenant le
contrôle absolu de la structure de l'Etat et mettant en place à partir
de ce moment-là un authentique régime de terreur", explique le texte.
"L'actuel président du Rwanda, Paul Kagame, n'a pas été poursuivi en
tant que chef d'Etat détenant une immunité", précise l'Audience
nationale.
Les poursuites contre les 40 militaires s'accompagnent de mandats d'arrêt, a-t-on appris de source judiciaire.
Le génocide de 1994 avait fait selon l'ONU environ 800.000 morts parmi
la minorité tutsie et les Hutus modérés. La prise de pouvoir à Kigali
de l'APR, dirigée par Paul Kagame, avait mis fin au génocide.
L'Audience nationale reproche notamment aux 40 militaires des faits
postérieurs au génocide. Ils sont poursuivis pour avoir "commis des
crimes contre la population civile, nationale et étrangère,
sélectionnée pour des raisons ethniques et/ou politique (...) sous
prétexte d'assurer la sécurité".
La justice espagnole avait ouvert cette enquête en 2005 sur la mort de
neuf espagnols assassinés au Rwanda entre 1994 et 2000, à la suite
d'une plainte du Forum international pour la vérité et la justice dans
l'Afrique des Grands Lacs.