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VIGILANCE RDC
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19 février 2008

Affrontements à Kamina : les limites du brassage

27 blessés au centre de brassage entre les éléments des FARDC et ceux du CNDP de Laurent Nkunda. Tel est le bilan des affrontements armés ou mutinerie, c’est selon, enregistrés hier lundi 18 février à la base de Kamina. Une situation qui soulève une fois de plus la problématique du processus de brassage entre les éléments armés venus de divers horizons. Des dispositions urgentes et efficaces doivent être prises dans le but d’éviter des dérapages significatifs déjà évoqués avant, pendant et après les élections intervenues en 2006. Pour que n’explose pas « la bombe à retardement ».

Des informations enregistrées tôt dans la matinée à Kinshasa du lundi 18 février ont fait état des affrontements armés à la base militaire de Kamina. Ceux-ci ont opposé les éléments des FARDC et ceux du CNDP-Nkunda, au centre de brassage. Informations confirmées par la Monuc, relayant Radio Okapi et tous les deux citent le général Mbudja Mabe, commandant de la base de Kamina, BAKA. Celui-ci indique que des combats à l’arme légère ont débuté le dimanche vers 19 heures pour s’arrêter hier lundi vers 7 heures du matin. Tout serait parti d’une altercation entre les deux groupes qui ont mis le feu aux poudres. Les militaires se sont alors rués vers le dépôt d’armement pour soustraire des grenades et armes légères avant de s’affronter. Le premier bilan fait état de 27 blessés, certains grièvement blessés, dont 16 ex-combattants CNDP et 10 commandos FARDC, en plus d’un civil. Ils ont été tous évacués vers l’hôpital FARDC. Aucun décès n’a été signalé.

Apparemment, le calme est revenu à la base de Kamina. Cependant, les commandos se sont retirés dans une ferme à deux kilomètres du centre de brassage pendant que les autres sont restés dans le campement, chacun gardant ses armes. Les autorités militaires FARDC ont fait appel à la Monuc pour désarmer les belligérants. Entre-temps, une délégation des officiers militaires des FARDC est arrivée lundi matin à Kamina en provenance de Kinshasa, délégation conduite par le chef d’état - major de la Force terrestre afin d’évaluer la situation et apporter les solutions qui s’imposent.

La Monuc, de son côté, déplore ce genre d’incidents. Elle souligne que le processus de brassage devrait être à l’abri de tout incident pouvant entraver son bon déroulement.

LES LIMITES DU BRASSAGE

Selon un instructeur du centre de brassage qui a requis l’anonymat et qui s’et confié à Radio Okapi, cette situation était prévisible. Il a affirmé que tous ces soldats sont là depuis longtemps, mais jusque-là le processus d’intégration n’a pas démarré. Comme pour dire qu’effectivement, il n’y a pas de suivi sérieux dans l’exécution duy processus de brassage pour que ce genre d’incidents ne se produise pas.

On se borne seulement à transférer les éléments armés d’un coin à l’autre, laissant couler ainsi un bon bout de temps avant qu’on les prenne en charge. Le plus souvent, ce sont les populations civiles qui paient le pot cassé pour autant que ces militaires se rabattent sur elles pour survivre.

Les propos de cet instructeur rejoignent les inquiétudes des ambassadeurs des pays membres de l’Union européenne qui appelaient de tous leurs vœux et dans un délai proche, la Table ronde sur la réforme des services de sécurité, et ce dans le sens large du terme. Réagissant aux lendemains de la Conférence de Goma, ils avaient, à demi-mot, stigmatisé la lenteur qui caractérise le processus de brassage des forces armées de la République démocratique du Congo, situation susceptible d’entraver le bon fonctionnement du brassage. Les affrontements ou la mutinerie de Kamina réconfortent leurs appréhensions.

Si tel etait le cas, il se pose réellement un problème de coordination pour mener à bien cette réforme et ce processus de brassage. Mieux, l’approche même du brassage qui, avec cet incident, vient de démontrer ses limites. La question fondamentale est celle de savoir comment justement ce processus de brassage est en train de se dérouler et quel type d’armée veut-on réellement ? S’agit-il d’une action menée exclusivement par les autorités congolaises après avoir reçu l’appui des partenaires extérieurs ? Ou serait-ce sur base des accords bilatéraux que le travail est en train d’être fait ?

Par ailleurs, il est important de retenir que les éléments brassés viennent des horizons divers. Bon nombre d’entre eux ont été recrutés, soit par la force, soit pour des raisons sentimentales ; tribales et régionales. Ils sortent du néant et n’ont appris qu’à manier des armes pour tuer, violer et voler. Comment gérer un tel « troupeau » - passez-nous le terme- sans prendre le risque de voir ce genre d’incidents se produire ? Ainsi, s’est-il agi sûrement des « vieilles retrouvailles » entre les deux groupes au regard de la bataille de Bukavu de 2004. La rancœur serait donc à la base de cette altercation. Cet aspect du problème n’avait-il pas été pris en compte avant de décider de l’affectation de ces éléments vers le centre de brassage. Soit.

Il s’agit d’un domaine militaire. L’on a plus besoin des « stratèges », des « génies militaires » que « des politiques » pour éviter ce genre d’incidents à même de remettre du feu dans la maison. Surtout que le calme ne serait pas encore revenu complètement à la base de Kamina. Et que cette situation pourrait faire effet boule de neige si elle n’est pas maîtrisée totalement et à temps.

Au demeurant, si l’on tient à disposer d’une « vraie armée », il faut payer le prix. Il y a eu des tentatives en Ituri avant le mixage au Kivu avec les mêmes éléments de Nkunda. L’intégration n’a pas réussi. Il faut par conséquent tirer les leçons de ces échecs. Car, il est toujours dangereux de rassembler plus de quatre mille soldats venus des horizons divers dans un coin, sans les occuper pleinement. Et souvent an pareils cas, il se produit toujours des situations du genre que la base de Kamina vient de connaître à la suite des limites du brassage. C’est une bombe à retardement.

Aujourd’hui, de nombreux observateurs avertis suggèrent une refonte progressive de cette armée, en démobilisant tout aussi progressivement les éléments qui ne répondraient pas aux critères rigoureux de sélection.

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