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VIGILANCE RDC
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6 mars 2008

Kabila-Gizenga : une collaboration mise à rude épreuve

Le processus politique est dans une zone de turbulence et se trouve dans une passe difficile. Toutes les institutions nationales sont interpellées face à cette succession d’événements. De la précarité de la sécurité à l’Est du pays aux soubresauts politico-religieux au Bas-Congo, le pouvoir est placé devant ses responsabilités. Pouvoir incarné bien sûr par le président de la République et le Premier ministre issu de la majorité parlementaire. Leur collaboration est mise à rude épreuve qu’elle pourrait bien avoir des conséquences politiques.

Le temps est venu de juger la majorité au pouvoir devant cette succession d’événements tant politiques qu’économiques. Qu’a-t-elle fait de ses promesses électorales sur la sécurité et le bien-être social ? Qu’est-ce qui a été décidé et appliqué du programme économique pendant que l’on continue à vider les 5 chantiers du chef de l’Etat de toutes leurs substances?

Certes, réfutant les critiques émises à l’endroit du gouvernement sur l’immobilisme coupable, les milieux autorisés de la Primature ont opposé des « avancées de Gizenga » pour se faire certainement bonne conscience devant mauvaise fortune. Mais il est de ces événements qui continuent à interpeller le tandem « Kabila-Gizenga » que ce bilan officiel d’auto-satisfaction ne rassure toujours pas.

Pour preuve, les incidents de Lubumbashi et de Luozi ont manifestement défié l’autorité de l’Etat. L’après-Conférence de Goma ne rassure pas non plus. Après les va-et-viens indigestes du CNDP-Nkunda qui ne visent qu’à fragiliser le gouvernement, la nébuleuse Maï-Maï se met en exergue pour perturber le processus politique en République démocratique du Congo.

Les partenaires extérieurs sont inquiets devant cette succession d’événements et passent au « front » pour remettre le processus politique sur les rails en lieu et place des institutions nationales. Ils ne cessent par contre de réclamer ces « signaux forts » qui symbolisent la volonté politique de l’Etat de rencontrer les préoccupations des populations congolaises. Faut-il croire que la machine serait grippée quelque part, empêchant ainsi le duo « Kabila-Gizenga » de fonctionner à plein régime ?

LES PREROGATIVES CONSTITUTIONNELLES

La réponse à cette interrogation se trouve dans la Constitution qui a défini les prérogatives constitutionnelles du président de la République et du Premier ministre.

Le président de la République est le garant de la Nation et veille au bon fonctionnement de toutes les institutions de la République. Quant au Premier ministre, il est le chef de l’Exécutif et répond de ses actes devant le Parlement.

Mais dès lors que les deux personnalités sont issues de la majorité présidentielle, leurs rapports de collaboration devraient se traduire par une complicité perceptible à travers des actions à impact visible, quelle que soit la situation.

Que des caisses soient vides, cela va de soi dès lors que l’on a hérité d’une gestion scabreuse connue de tous. Accepter d’assumer des responsabilités politiques, des signaux forts devraient être donnés absolument pour rassurer les populations sans faux fuyants. A qui incombe cette responsabilité de n’avoir pas conclu le deuxième programme économique avec le FMI ? Ce n’est pas du tout aux gouvernements précédents, mais à l’actuel, en fonction. Par conséquent, il faut se départir des attitudes narcissiques qui relèvent de l’irresponsabilité politique.

En l’espace d’une année, il y a eu deux ratés économiques : la concertation prévue en septembre 2007 avec les institutions de Bretton Woods pour élaborer un collectif budgétaire et qui n’a jamais eu lieu, à la suite des dérapages constatés par la délégation du FMI. Le programme PEG II qui devrait être signé en mars 2008 a été repoussé à une date ultérieure et pas avant juin 2008. Raison invoquée ? Une fois de plus, le dérapage dans les finances publiques.

L’AUTORITE DE L’ETAT EN QUESTION

Les incidents de Lubumbashi et de Luozi ont négativement influé sur l’autorité de l’Etat. Si au Bas-Congo, des renforts policiers ont été dépêchés pour contrôler la situation, aucun écho à Kinshasa sur l’incident de Lubumbashi dont un ministre du gouvernement central a été victime des suites d’un comportement incivique d’une certaine milice. Le gouvernement n’a pas encore réagi officiellement. Pourquoi ?

En fait, l’autorité de l’Etat, pour la bonne marche des institutions, demeure une question fondamentale, comme l’a bien souligné Mgr Dizolele de Matadi, au Bas-Congo. Outre les textes et les lois de la République qui doivent être respectés et appliqués sans faille, la présence physique de l’autorité en des circonstances cruciales devrait être de rigueur pour rapprocher les gouvernés des gouvernants. On l’a senti à Kakenge, au Kasaï Occidental, lors du déraillement du train qui a fait de nombreux morts et blessés.

L’on a observé une nouvelle impulsion avec le chef de l’Etat à Goma lors de la conférence sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Sur cet aspect du problème précisément, la population ne sent pas cette « collaboration » entre le président de la République et son Premier ministre. Une façon de projeter cette image de collaboration entre le président Sarkozy et son Premier ministre François Fillon. Les sondages s’appuient justement sur cette collaboration pour juger l’action de l’équipe qui a gagné les élections.

OU EST PASSEE L’AMP ?

L’action du pouvoir n’est pas seulement l’affaire du président de la République et du Premier ministre. Ou encore du gouvernement. Mais une affaire de la Majorité qui est au pouvoir. C’est-à-dire, l’AMP.

Pour revenir encore à la France, l’on observe que l’Union de la majorité présidentielle, UMP, ne rate pas une seule occasion pour soutenir officiellement les actions du président de la République, du Premier ministre et du gouvernement. Même lorsque le président Sarkozy commet « ses gaffes », l’UMP, comme un seul homme se mobilise afin de le soutenir par des déclarations politiques qui supplantent les réactions de l’Opposition.

Où est alors passée l’AMP ? Quelles sont ses observations politiques, économiques sur l’An I du gouvernement ? Comment réagit-elle devant les incidents de Lubumbashi, de Luozi où l’autorité de l’Etat a été défiée ? Comment a-t-elle pris le décalage de la signature du deuxième programme économique avec le FMI ?

Autant d’interrogations qui interpellent également la famille politique du président de la République et du Premier ministre. Tout se passe comme s’il y avait un malaise. Ou que l’on refuse de prendre la hauteur politique de tous ces événements aux conséquences tout aussi politiques mais imprévisibles. A moins qu’il existe des structures parallèles ou centres de décisions qui ne permettent pas le bon fonctionnement des institutions tant nationales que provinciales.

Au fait, par expérience politique, il existe toujours un gouvernement parallèle. Les américains parlent de «governement shadow ». Mais cette structure officieuse est plus un bureau d’études, un laboratoire qu’une doublure. La majorité présidentielle aurait-elle mal copiée cette réalité qui, une fois mal comprise, devient un couteau à double tranchant ? La question reste posée. Entre-temps, la collaboration « Kabila-Gizenga » est mise à rude épreuve. Les faits parlent d’eux-mêmes.

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