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VIGILANCE RDC
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6 mars 2008

DR Congo : La famine gagne les cités minières

L'abandon par les paysans de l'agriculture au profit de l'exploitation des minerais entraîne la famine dans les cités minières du Katanga, qui dépendent des importations de maïs de plus en plus coûteuses des pays d'Afrique australe. Pour éviter le pire, des ONG tout comme les autorités locales essayent de faire retourner les gens au travail de la terre…

A Tchowelo, cité minière de la périphérie de Kolwezi, à 300 km de Lubumbashi (capitale du Katanga), les familles ne mangent plus à leur faim. La farine de maïs, qui constitue leur aliment de base, devient, en effet, une denrée rare. Sur le marché local, le Meka, petite mesure de 2 kg de maïs, coûte les yeux de la tête. En l'espace de deux ans, son prix a plus que doublé. Il est passé de 400 Fc (0,80 $ US) à 1000 Fc (2 $ US). De quoi affoler les parents, qui ont souvent plusieurs bouches à nourrir. «C'est vraiment pénible pour moi», avoue Fanf Manengo, un père de famille de huit enfants qui travaille comme nettoyeur de minerais.

A Mutoshi, Kapata, Kasombo…, autres cités minières aux alentours de Kolwezi, c'est la même galère. Kalenga Mwenze, une ménagère, explique qu'il faut pour une famille de taille moyenne de cinq à six personnes, débourser 10.000 Fc (20 $ US) par jour pour préparer le Bukari (pâte de maïs) aux légumes, aux fretins ou aux poissons salés, contre 2.000 Fc (2$ US) auparavant. Un budget que peu de ménages peuvent réunir. Du coup, «les conséquences sont désastreuses pour la population, notamment l'accroissement du taux de prévalence de la malnutrition», constate le Dr Jean-Claude Tembele de l'hôpital général de Mwangeji, à Kolwezi.

La crise du maïs au Katanga était prévisible. Depuis que les agriculteurs se sont rués, ces dix dernières années, dans l'exploitation artisanale des minerais, leurs champs sont presque désertés. Depuis, c'est la descente aux enfers. Le maïs commence à manquer cruellement dans le Katanga. «Pourtant, avec la production locale, la province couvrait 60 % de ses besoins», regrette Ilunga Numbi, chef de service urbain de l'Economie et Industrie à Kolwezi.

DUR ET INGRAT

Aujourd'hui, la province doit importer 80% de cette céréale des pays de l'Afrique australe : Zambie, Zimbabwe, Afrique du Sud. Mais, sur le marché, le produit se fait de plus en plus rare et cher, résultat d'une hausse mondiale du cours de ce produit de plus en plus utilisé pour fabriquer des biocarburants. Dans les cités minières, bien que touchés par cette crise, les agriculteurs convertis en mineurs semblent cependant se satisfaire de leur nouvelle vie. «En vendant une tonne d'hétérogénite (mélange de cuivre et de cobalt, Ndlr), je gagne 1.000 $ US en deux semaines», raconte Augustin Mbuya Kawangu. Mbaya Lama dit, lui, n'avoir jamais gagné plus de 700 $ US en cultivant le maïs toute l'année. Tous trouvent dur et ingrat le travail de la terre…

UNE GOUTTE D'EAU

La crise du maïs s'est, dès lors, chaque jour, aggravée. Pour essayer de l'endiguer, le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a sonné le holà. Il a ordonné, mi-2007, à toutes les entreprises minières de la province de cultiver chacune au moins 500 ha de la précieuse céréale. Ce que faisait déjà la Gécamines, l'entreprise publique qui avait jadis le monopole de l'exploitation du cuivre et du cobalt au Katanga. Le gouverneur entendait ainsi «régler définitivement la question de la carence de la farine de maïs et en même temps empêcher les femmes et les enfants de traîner dans les mines ou carrières.»

Quelques entreprises se sont mises à la tâche à Kolwezi. Elles cultivent aujourd'hui quelques 2 500 ha. Mais leur production, qui n'en est qu'à ses débuts, ne peut prétendre répondre aux immenses besoins des populations

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