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VIGILANCE RDC
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12 mars 2008

En République démocratique du Congo, le soutien psychologique et l'éducation permettent aux blessures invisibles de la guerre de

GOMA, République démocratique du Congo, 11 mars 2008 - Moka, 13 ans, se cachait chez lui avec sa famille lorsqu'un obus de mortier est tombé. " Il a tué mon grand-père et mon petit frère ", a-t-il dit. "Un obus a tué mon grand père et mon petit frère. Nous les avions vu morts, explosés et calcinés."

En septembre dernier, alors que leur village a été pris dans les combats entre les rebelles et les troupes régulières, Moka et sa famille se sont enfuis, rejoignant les congolais déplacés de la province du Nord Kivu - près d'un demi million de personnes qui ont dû quitter leur foyer l'an dernier. Mais, même dans leur fuite, la violence a suivi la famille de Moka.

"J'ai vu des gens éventrés par des balles" se rappelle-t-il. "Ils tuent les gens devant nous. Des fois, ils viennent expressément là où se trouvent des gens et tirent dans la masse causant plusieurs décès. Quand j'y repense, j'ai toujours tendance à pleurer."

Aujourd'hui, Moka vit dans l'un des nombreux camps destinés aux déplacés congolais aux portes de Goma, la capitale du Nord Kivu. Sa famille a tout laissé derrière elle dans sa fuite précipitée et la vie a été dure dans les camps. L'unique chemise de Moka - violette et à manches courtes - est toute salie de noir ; ses shorts de couleur vert olive sont déchirés aux poches.

L'ÉCOLE

Mais récemment la vie de Moka a pris un tour nouveau et a connu un mieux. Dans le cadre d'un programme soutenu par l'UNICEF, il a finalement été en mesure de revenir en classe. Chaque matin, Moka rejoint quelques 650 autres enfants déplacés à l'école primaire de Nyabyunyu, dans un village des environs. " L'école, c'est ce qui m'aide à oublier ", dit-il.

L'école primaire de Nyabyunyu ne peut habituellement accueillir qu'un peu plus de deux cents élèves, si bien que l'afflux des déplacés a forcé l'établissement à prévoir un enseignement dispensé en deux tranches horaires. Il a également obligé les enseignants à s'occuper de centaines d'élèves ayant vécu un violent conflit et qui sont souvent traumatisés.

" CHACUN A UNE HISTOIRE "

" Plus de 600 enfants, plus de 600 histoires ", dit Evelyne Kimema, qui fait du soutien psychosocial dans l'école de Moka, avec l'organisation congolaise Alpha Ujuvi.

SIGNES DE TRAUMATISME

Chaque jour, Evelyne guette chez les élèves des signes de traumatisme. " On les remarque surtout à la recréation, parce que à la recréation on suppose que tout enfant doit être en mouvement " dit-elle.

" Pendant la recréation, il y a un enfant qui se met a côté, qui ne veut pas jouer avec les autres, les autres dorment, l'autre qui ne veut même pas parler, l'autre en train de transpirer alors qu'il ne bouge même pas. "

Evelyne prend ces enfants à part, un par un, afin de parler de leurs problèmes. " C'est difficile. On ne peut pas les changer instantanément mais petit a petit. Plus vous approchez l'enfant, plus vous discutez avec lui, plus vous voyez le changement arriver. "

Evelyne a beaucoup travaillé avec Moka et l'a vu s'épanouir depuis son arrivée à l'école. Il dit que les souvenirs de tout ce qu'il a vu le hantent encore, mais les enseignants comme Evelyne et les nouveaux amis rencontrés à l'école - la plupart d'entre eux ayant vécu des histoires tout comme la sienne - l'aident à oublier.

L'UNICEF apporte son soutien à des programmes de soutien psychologique similaires dans plus de cinquante écoles d'un bout à l'autre du Nord Kivu, où seulement la moitié des enfants va actuellement à l'école.

LE SOUTIEN PSYCHOSOCIAL EST ESSENTIEL POUR L'ÉDUCATION

En dépit du récent accord de paix, les combats se poursuivent au Nord Kivu et les congolais déplacés hésitent à rentrer chez eux. Aussi l'éducation de leurs enfants est-elle un souci majeur pour l'UNICEF et ses partenaires.

L'expert en matière d'éducation de l'UNICEF, Sayo TK, déclare que le soutien psychosocial est essentiel aux enfants qui ont vécu un traumatisme, pour qu'ils continuent à aller en classe.

" La violence, la pauvreté, la culture : il y a de nombreuses raisons expliquant pourquoi les enfants ne vont pas à l'école ", dit-elle. Et même lorsque les enfants vont bien à l'école, " un enfant n'apprend rien, parce qu'il ne peut se concentrer en raison de la tension psychosociale qu'il a subi ".

Aider les enfants à surmonter leur traumatisme " est un très long processus ", dit TK, " Mais je pense qu'il nous faudra le faire dans les prochaines années afin que nous puissions offrir un environnement plus paisible pour que les enfants étudient. "

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