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VIGILANCE RDC
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16 avril 2008

Crash de Goma: erreurs techniques, humaines, politiques

Avion_Hewa_boraLa piste de Goma inaugurée par Mobutu lors des années de vache grasse pour des avions de gros tonnage, est rendue impraticable par la lave du volcan Nyirangongo en 2003 qui a détruit une partie de la ville touristique pendant la rébellion du RCD-Goma, et a réduit la piste de 3.800 m à 1.800 m.

En principe, aucun avion n’aurait dû être autorisé de décoller aussi longtemps que la piste n’a pas été réhabilitée. Mais dans un pays trop vaste où les routes sont impraticables, seul l’avion permet le mouvement des hommes et des biens.

Les rebelles du RCD-Goma tentèrent de réhabiliter la piste sans y parvenir. Un homme d’affaires du Katanga, Raphaël Katebe Katoto Soriano, ayant rejoint le RCD-Goma, remit une forte somme d’argent aux rebelles, pour déblayer manuellement la piste, sans y parvenir.

Selon des études qui furent menées, les travaux de réhabilitation requéraient environ 3 millions de dollars, que les rebelles ne purent réunir.

LA DC-9 N’AVAIT PAS LA CHANCE DU BOEING 707 DE PLANÉTAIR.
Entre-temps, la mission des Nations Unions MONUC aménagea pour 5 millions de dollars une bretelle de sortie bétonnée à côté de la lave jusqu’au tarmac du parking central, et reprit ses vols par des avions russes Antonov.

«La piste était trop importante pour elle et sans elle, la MONUC qui entretient sur place deux contingents indiens et uruguayéens devenait inopérationnelle dans les Kivu», explique un spécialiste. Mais la MONUC dont Goma constitue l’une des bases les plus importantes, n’aida point le gouvernement de R-dC en situation de conflit armé, à réhabiliter la piste.

Une vingtaine de petites compagnies aériennes opérant dans le Kivu montagneux allaient bientôt suivre l’exemple.

Un Boeing 707 de l’une de ces compagnies Planétair interdites de vol comme toutes les compagnies aériennes de R-dC, par la circulaire de l’Union Européenne, avec une centaine de passagers à bord, perdit au décollage un moteur et fit éclater un pneu.

«Mais le pilote a freiné. Il y eût aucun dégât, ni matériel, ni humain», atteste un témoin.

«Certes, à l’époque, le crash fut évité à la suite de la longueur de la piste: celle-ci avait encore ses 3.800 m praticables», explique un spécialiste.

Le DC-9 de Hewa Bora Airways qui a crashé mardi n’avait pas la chance du Boeing de Planétair: la piste étant trop courte, le pilote, un Congolais, Roger Aleka ayant une co-pilote femme, une métisse congolaise, Mme Gelda, n’a pu stopper à temps l’aéronef, qui a fini sa course dans des maisons du quartier Birere.

Il y a aussi, explique-t-on à Goma dans les milieux de l’aéronautique civile, «probablement» une question de surcharge.

La piste étant trop courte, il faut rendre l’avion très léger au décollage. Or, avec 79 passagers à bord, avec chacun 30 kgs de marchandise, si l’on ajoute le fret, cela fait facilement 11 tonnes.

«Or, 11 tonnes, c’est trop pour ce type d’avion et sur une aussi courte piste et après avoir perdu un moteur, comme cela semble évident», explique au «Soft International» un expert.

Lors du dernier crash à Kinshasa de l’Antonov 26 de la compagnie Africa One, il y a six mois, le ministre en charge des Transports et Communications paya de son poste: il fut poussé à la démission. Mais l’affaire débattue au Parlement n’a pas fini d’être élucidée.

Les crashs d’avions, petits ou grands, n’ont pas depuis cessé malgré le changement de ministre, l'arrivée à la tête du ministère d'un homme d'expérience, plusieurs fois ministre ministre sous Mobutu, Charles Mwando Nsimba, et la nomination d'une nouvelle direction de l'Aéronautique civile, conduite par un colonel des FARDC, très strict.

Jusqu’au crash de mardi dernier, le pays avait enregistré plusieurs crashs: notamment un Let 410 de la compagnie Goma Express qui a crashé à Kalima, Sud Kivu, sans faire de dégâts humains, renseignent selon des sources de l’aéronautique à Goma.

«Pour se rendre par exemple à Lubumbashi depuis Kinshasa, il y a qu’une solution: l’avion. Or, l’avion est désormais rare sinon rarissime sur cette ligne», témoigne un passager.

Il faut désormais plusieurs jours de réservation et la seule compagnie fiable, après la liquidation de Bravo Air Congo rachetée par la petite compagnie Gomair et de Wimbi Dira Airways, restait encore Hewa Bora. Ailleurs,comme sur Mbuji-Mayi, Kananga ou Kisangani, il faut donner du muscle pour trouver une place.

HBA avait à ce point redressé ces dernières semaines son image qu’elle intéressa la Belge SN Brussels Airlines qui, il y a peu, par son nouveau partenaire belge Philippe De Murloz, annonça une joint venture AirDC en charge d’exploiter les vols internes RDC, SN Brussels Airlines ayant, entre-temps, réorganisé sa ligne Kinshasa-Bruxelles par une desserte quotidienne et des vols directs.

Très clairement, la stratégie est de contrer Air France-Klm sur un marché juteux qui a toujours et naturellement appartenu aux Belges qui veulent apporter de nouveaux produits et en innovant.

La nouvelle HBA détient 51% des parts de la nouvelle compagnie AirDC alors que SN Brussels Airlines en contrôlera 49%. «Six avions sont déjà en ligne vers Kinshasa. Soit quatre BAE (British Aerospace) 146 et deux Boeing 737-800. Les BAE 146 vont opérer des vols intérieurs (Tshikapa, Tembo, Kahemba et consorts)», annonçait le «Soft International» le 22 octobre 2007.

Mais la mise sur liste noire de la compagnie Hewa Bora et le crash de mardi pourraient permettre un nouveau tour de passe-passe auquel ne st n’attendait pas Phiiipppe de Murloz, ce natif du Katanga, patron golden boy de Demimpex, propriétaire du garage kinois ATC Auto Transport Company à Kinshasa, qui a récemment raflé le capital de HBA.

Le crash de Goma est intervenu, trois heures après que le Chef de l’État Joseph Kabila Kabange eût décollé de Kinshasa en route pour les Etats-Unis où il doit avoir, peu avant le week-end, une rencontre avec son homologue rwandais Paul Kagame dans le cadre du renforcement des relations entre Kinshasa et Kigali.

Kabila n’a dû apprendre la nouvelle du crash qu’à son arrivée à Washington mardi soir. Mais dès le lendemain mercredi 16 avril, son jeune frère Joé Kabila a été la première personnalité de Kinshasa à atterrir à Goma par un jet Gold Stream de la compagnie Wimbi Dira Airways.

Il était porteur d’une tonne de médicaments et a fait le tour des hôpitaux de Goma où étaient accueillis les blessés.

Une délégation officielle de Kinshasa conduite par le président de l’Assemblée nationale Vital Kamerhe est peu après arrivée dans le chef lieu du Nord-Kivu: elle comprenait le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur, Denis Kalume Numbi, mais aussi le ministre de la Santé et celui des Affaires humanitaires et de la Solidarité nationale.

L’Assemblée Nationale qui a appris la terrible nouvelle alors qu’elle venait de reprendre ses séances après deux semaines de suspension, les a suspendus en signe de solidarité avec la ville de Goma.

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