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VIGILANCE RDC
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25 mai 2008

J.P. Bemba, avenir politique compromis

jpierre_Bemba

Jean-Pierre Bemba vient d’être rattrapé par le dossier « Bangui ». Arrêté à Bruxelles, il sera transféré dans les prochaines semaines devant la Cour pénale internationale, CPI. Du coup, son avenir politique vient d’être compromis, tant sur le plan de son parti politique, de son mandat de parlementaire, de ses ambitions d’être porte-parole de l’Opposition qu’en ce qui concerne les prochaines élections de 2011.

Le sénateur Jean-Pierre Bemba Gombo, président du Mouvement de libération du Congo, MLC, a été arrêté, le samedi 24 mai à Bruxelles, en Belgique. Arrestation qui survient à la suite d’un mandat d’arrêt international lancé par la Cour pénale internationale, CPI, accusant Bemba de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. « Il serait pénalement responsable de quatre chefs de crimes de guerre et de deux chefs de crimes contre l’humanité commis sur le territoire de la République centrafricaine pendant la période allant du 25 octobre 2002 au 15 mars 2003 », précise la CPI. Bemba est le premier suspect faisant l’objet d’un mandat d’arrêt délivré par la CPI dans le cadre de l’enquête sur les événements survenus en République centrafricaine ouverte en mai 2007 par le procureur Luis Moreno-Ocampo. La CPI poursuit ses investigations sur ce qu’elle qualifie « d’attaques systématiques ou généralisées contre la population civile » au cours de laquelle ont été commis « des viols, des actes de torture, des atteintes à la dignité de la personne et des pillages ». Jean-Pierre Bemba devra donc répondre de tous ces faits devant la Cour pénale internationale. Mais d’ores et déjà, il nie tout en bloc.

Selon la conseillère près la CPI, la filature de Bemba a été tenue secrète et plusieurs pays ont collaboré à son arrestation. Parti de Kinshasa pour le Portugal pour des raisons de santé, il y a de cela une année, le sénateur Bemba a été arrêté en sa résidence à Bruxelles. Il devrait être déféré devant un juge belge hier dimanche avant d’être transféré à La Haye, devant la Cour pénale internationale pour y être entendu et jugé.

AVENIR POLITIQUE COMPROMIS

L’arrestation de Bemba aura des conséquences sur son avenir politique. D’abord au niveau de son parti politique, le MLC, quand on sait que sa personnalité se confond avec son parti. Il est le leader incontesté du MLC et incarne tout. Avec son arrestation, c’est le MLC qui est décapité. Pour preuve, le député François Muamba, secrétaire général du MLC s’est dit « consterné » en apprenant cette arrestation. « On ne s’y attendait pas. C’est une mauvaise surprise, c’est la consternation. Il y a la présomption d’innocence. Nous avons confiance en la justice internationale pour respecter ce principe. Nous allons réunir le bureau politique et nous ferons ensuite une déclaration », a-t-il déclaré.

La deuxième conséquence concerne son mandat de sénateur. La question a déjà fait l’objet de plusieurs commentaires. Parti au Portugal pour des raisons de santé, Jean-Pierre Bemba devrait rentrer à Kinshasa. Mais seulement, il conditionnait son retour par des assurances sur sa sécurité.

Cependant, selon le règlement intérieur du Sénat, des absences pendant deux sessions ordinaires doivent faire l’objet d’un débat pour décider, oui ou non, de la levée de l’immunité parlementaire. Bemba n’ayant assisté à aucune session parlementaire depuis son élection en qualité de sénateur, il ne fait l’objet d’aucun doute que le Bureau du Sénat sera bien obligé de se pencher sur son cas qui vient de prendre une autre tournure. Lorsque l’on connaît la « vitesse » avec laquelle la CPI traite ses dossiers, le procès de Bemba ne pourra pas débuter avant une année. Au stade préliminaire, il faut prendre deux mois au maximum avant que Bemba soit livré à la CPI. C’est sûr que le Sénat sera bien obligé de lever son immunité parlementaire.

Troisième conséquence. Il est d’ores et déjà exclu que Bemba soit le Porte-parole de l’Opposition. Fonction qu’il ne pourra pas exercer tant qu’il sera détenu. Partant, et c’est la quatrième conséquence, il aura difficile à se porter candidat à n’importe quel niveau lors des prochaines élections de 2011, l’instruction pouvant prendre plus de deux ans. L’avenir politique de Jean-Pierre Bemba est bel et bien compromis.

DES INTERROGATIONS

Evidemment, cette arrestation soulève toute une série d’interrogations. Pourquoi arrêter Bemba maintenant, en Belgique et non au Portugal ? Il est difficile de répondre à cette interrogation. Toutefois, le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo donne une partie de réponse à cette interrogation : « C’est le fruit d’une opération complexe et bien planifiée. M. Bemba avait déjà commis des crimes de guerre et contre l’humanité en RCA ; il avait déjà commis de tels crimes en RDC ; il fallait l’arrêter. Nous avons la preuve que M. Bemba a commis des crimes. L’arrestation de M. Bemba est un avertissement sérieux à tous ceux qui commettent, encouragent ou tolèrent les crimes sexuels. Il n’y a pas d’excuses pour des centaines de viols, il n’y a pas d’excuses pour le viol d’une petite fille sous les yeux de ses parents, il n’y a pas d’excuses pour un chef qui ordonne, autorise ou tolère que ses troupes commettent des viols et de pillages ».

Il convient cependant de noter que Bemba a été arrêté à Bruxelles au moment où la tension est montée d’un cran entre Kinshasa et Bruxelles. Cette coïncidence suscite d’autres interrogations. Serait-ce un signal fort à l’endroit d’autres congolais qui sont dans le collimateur de la justice internationale ? Car, en ce qui concerne Bemba, outre la plainte de la CPI, on relève qu’en mai 2003, Bemba avait été condamné par contumace par le tribunal correctionnel de Bruxelles à un an de prison ferme pour « traite d’êtres humains ».

D’autre part, l’arrestation de Bemba risque d’avoir des effets d’entraînement sur le processus de réconciliation nationale. Il n’est pas exclu de voir certaines personnalités qui sont en ligne de mire de la CPI se montrer récaciltrantes et réfractaires à ce processus, convaincues qu’elles pourraient un jour rejoindre Thomas Lubanga, Katanga, Ngudjolo, et bientôt Bemba à La Haye.

Mais que dire d’autres dirigeants des pays de la région qui ont agressé la République démocratique du Congo ? Ils ont également commis des « crimes de guerre et contre l’humanité ». Ils ont commis des exactions, des violences contre les populations civiles congolaises. Le peuple congolais invite également la CPI à leur réserver le même traitement que Bemba. Il n’y a pas d’excuses qu’ils ne soient pas poursuivis par la justice internationale. Donc, point de politique de deux poids, deux mesures.

Source : le Potentiel/Kinshasa

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