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VIGILANCE RDC
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14 juin 2008

Séquestration des députés : la jurisprudence «Mulopwe» inquiète l’AMP

drapeauC’est dans la plus grande anxiété que les membres de l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP) attendent le rapport de la commission Lumbala sur l’affaire des députés séquestrés lundi dernier par un sujet libanais à Kinshasa. En principe l’Assemblée Nationale, acquise à l’option de l’affirmation de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire de la république, devrait proposer des sanctions exemplaires contre l’homme d’affaires qui a humilié des élus du peuple, avec la complicité de ses parrains politiques.

La matière sous examen, écrivions-nous dans notre édition d’hier, ne pourrait souffrir de vide juridique. En effet, la jurisprudence rappelle qu’en 1962, Albert Kalonji Ditunga « Mulopwe » (Empereur), ancien Chef de l’Etat sécessionniste du Sud-Kasaï, avait écopé d’une lourde condamnation judiciaire et expédié à la prison de Luzumu, dans le Bas-Congo, pour avoir pris en otage le député Lufulwabo. Cet élément juridique apporte de l’eau au moulin des députés nationaux partisans de la ligne dure, qui estiment que pour donner un signal fort de l’existence de l’Etat de droit en République Démocratique du Congo, le sujet Libanais auteur du délit d’atteinte à la dignité des représentants du peuple et son protecteur paient cher leur écart de conduite.

AMP contre AMP

L’ironie du sort a voulu que deux des victimes du Libanais Ghassan, à savoir Francis Kalombo et Gérard Mulumba, soient des membres du PPRD, parti membre de l’Alliance de la Majorité Présidentielle (AMP). De l’autre côté, des « poids lourds » de la même plate-forme politique sont cités comme parrains du sujet asiatique mis en cause.
Ainsi, l’Assemblée Nationale se trouve en face d’un dossier où les plaignants comme les accusés sont du même bord politique. La situation est d’autant embarrassante que c’est l’AMP, détentrice de la majorité numérique dans l’hémicycle de Lingwala, qui devrait soit redonner ses lettres de noblesse à la puissance publique, soit la saborder.

On apprend, dans les coulisses de l’Assemblée Nationale, que la langue de bois serait de mise dans les rangs de l’AMP, où la consigne de groupe serait à la modération, de manière à ne pas trop charger les protecteurs du Libanais. Ainsi, pour éviter la foudre de la « hiérarchie », des témoignages à charge seraient difficiles à ficeler. Mais l’AMP va-t-elle commettre la maladresse de saborder l’Etat de droit au profit des individus qui se caractérisent par la confiscation du pouvoir d’Etat, antivaleur unanimement condamnée par notre peuple en pleine phase de changement des mentalités ? De quelle légitimité pourrait-elle se réclamer demain la famille politique du Chef de l’Etat si ses députés se montrent aujourd’hui incapables de défendre leur propre immunité ? Un aveu de faiblesse ne risque-t-il pas de vider de leur contenu les prérogatives reconnues aux ministres, députés nationaux, sénateurs, députés provinciaux, gouverneurs de provinces, administrateurs des territoires, bourgmestres, officiers de l’armée et de la police, responsables des services de renseignements ?

Le patriarche Kalonji Ditunga, encore vivant, et des millions de compatriotes, témoins de son infortune en 1962, attendent impatiemment une réponse claire quant à la fracture ou non de la société congolaise entre d’une part des « citoyens sans droits » et d’autre part ceux ayant le droit de vie ou de mort sur les autres.

Source : le Phare/Kinshasa

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