RDC/Union europeenne : pour l heure, place à la diplomatie

L'Union européenne donne pour l'instant la priorité aux efforts diplomatiques pour régler la crise dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), alors que la France suggère l'envoi de militaires, a déclaré mercredi la porte-parole du diplomate en chef de l'UE Javier Solana.

"A ce stade, aucune intervention de nature militaire de l'UE n'a été discutée", a affirmé Cristina Gallach. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, dont le pays préside l'UE, venait de se prononcer en faveur de l'envoi rapide d'un groupement tactique de 1.500 soldats européens au Nord Kivu.

"Aucune demande en ce sens n'a été faite, et l'ONU n'a pas communiqué ses besoins" militaires à l'UE, a précisé la porte-parole.

Mme Gallach a indiqué que "le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait demandé son aide diplomatique à M. Solana" lors d'un entretien téléphonique mercredi matin.

"L'objectif, c'est de soutenir la MONUC", la mission militaire des Nations unies en RDC, qui tente de bloquer la progression de la milice du général rebelle tutsi Laurent Nkunda vers Goma, la capitale du Nord Kivu, a insisté la porte-parole européenne.

Elle a souligné que M. Solana menait une action "diplomatique tous azimuts, restant en contact avec le gouvernement sud-africain, influent dans la région, ainsi qu'avec le président congolais Joseph Kabila et son homologue rwandais Paul Kagame".

Le commissaire européen au Développement Louis Michel a quitté Bruxelles pour une visite d'"urgence" mercredi et jeudi en RDC afin d'y évaluer les besoins "humanitaires" provoqués par ces combats.

Vendredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU a estimé que la recrudescence des combats entre rebelles et les Forces armées de RDC avait fait fuir plus de 200.000 personnes depuis la fin août.

M. Solana a appelé mercredi à la "retenue" le général Nkunda, alors que l'offensive de ses miliciens provoque un nouvel exode massif de civils.

Le groupe du général Nkunda a annoncé le soir même qu'il proclamait "un cessez-le-feu unilatéral" pour "ne pas paniquer la population de Goma", selon un communiqué reçu par l'AFP à Kinshasa.

Les chefs d'état-major des 27 pays de l'UE qui tenaient mercredi à Bruxelles leur réunion semestrielle n'ont pas non plus débattu des perspectives de renforts militaires en RDC, selon leur président, le général français Henri Bentégeat.

"Bien sûr (Javier Solana) a évoqué cette question" lors d'un déjeuner de travail avec les chefs d'état-major, "tout en soulignant que l'heure était à l'action diplomatique", a indiqué le président du Comité militaire de l'UE.

Les Groupements tactiques européens (GT 1500), dont a parlé M. Kouchner, sont de petites unités d'environ 1.500 hommes prêtes à l'emploi, rapidement déployables, mobiles et autosuffisantes qui prennent la permanence à tour de rôle.

Opérationnels depuis le 1er janvier 2007, ils n'ont encore jamais été déployés mais le général Bentégeat a souligné qu'il n'y avait a priori "aucune limitation à l'emploi d'un groupement tactique" en RDC comme ailleurs.

Au deuxième semestre 2008, deux de ces groupements étaient d'astreinte: l'un entièrement britannique et l'autre multinational sous commandement de la brigade franco-allemande.

L'UE a déjà mené deux opérations en RDC: Artémis, déployée entre juin et septembre 2003, dans la région de Bunia, et Eufor RDC à Kinshasa, pour garantir la stabilité du pays au moment du processus électoral de 2006.