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VIGILANCE RDC
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9 février 2009

ONU, UE, UA : silence inquiétant

UNlogoL’on a l’impression que les choses se sont quelque peu arrêtées. Comme si la paix était revenue en RDC. Et pourtant, l’œuvre est encore inachevée. Effectivement, depuis que la République démocratique du Congo et le Rwanda ont décidé de ramener la paix au Kivu avec la traque des FDLR, silence du côté de l’Onu, de l’Union européenne et de l’Union africaine. Alors qu’il y a de cela un mois, elles accouraient au chevet de la RDC et de la région des Grands Lacs. Brusquement, plus rien. Un silence troublant. Plus d’intérêt ? Non. On observe, comme si on laissait faire, dans la perspective d’un retournement de situation qui leur permettrait sûrement de reprendre en mains la situation. Inquiétant.

La page de la guerre en République démocratique du Congo est-elle en train d’être tournée ? L’on serait tenté de répondre par l’affirmative à cette interrogation si l’on prend en compte cette accalmie observée depuis le 16 janvier 2009 au Kivu. Pratiquement, les armes se sont tues et les populations regagnent progressivement leurs villages.

Mais avec la traque des FDLR, ces rebelles rwandais accusés d’être à l’origine de tous les maux que connaissent les Congolais et la région de l’Afrique des Grands Lacs, on ne peut encore parler d’une paix effective. Toutefois, ce qui inquiète, c’est que depuis que la RDC et le Rwanda ont décidé de faire « la paix des braves », l’Onu, l’Union européenne et l’Union africaine se sont tues. On n’enregistre plus d’engouement auprès de ces organisations qui, il y a quelque temps, avaient déployé un véritable ballet diplomatique pour s’occuper de la République démocratique du Congo. Ces organisations voulaient être des « faiseuses de paix ».

Laissez faire, laissez agir

A première vue, les présidents Kabila et Kagame ont court-circuité l’Onu, l’Union européenne et l’Union africaine en mettant en place cette opération conjointe militaire qui suscite encore de la controverse. Particulièrement en République démocratique du Congo avec cette pétition des parlementaires sollicitant la convocation d’une session extraordinaire.

Certes, la seule inquiétude demeure encore la durée de la présence des soldats rwandais en République démocratique du Congo. En dehors des Congolais qui restent toujours incrédules, la Belgique a exprimé également des réserves, souhaitant que le Rwanda retire ses troupes à la date convenue. Dans le cas contraire, cette présence suscitera des remous au niveau de la  communauté internationale.

Mais en attendant, Kabila et Kagame semblent être sur la bonne voie. Cependant, ils ont agi « seuls », ignoré les autres partenaires tant nationaux qu’extérieurs. D’où alors ce silence de l’Onu, de l’Union européenne et de l’Union africaine. Attitude clairement exprimée par la réaction de Alan Doss aux critiques des Médecins sans frontières, « MSF », d’avoir constaté que la Monuc est demeurée inactive devant les massacres des populations congolaises face aux rebelles de la LRA : « La Monuc n’étant pas impliquée dans l’actuelle opération militaire de la LRA, elle n’a limité ses opérations que dans la ville de Dungu ». C’est tout dire. Le gouvernement congolais ayant signé les accords avec l’Ouganda sans associer la Monuc, il n’aura qu’à assumer toutes les conséquences.

Même attitude vis-à-vis de l’accord avec le Rwanda. La Monuc y participe en tant qu’observateur : laissant faire, laissant agir. Et au niveau du Conseil de sécurité, les choses se traduisent par le «  silence » des contributeurs. Inquiet, Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Onu s’est empressé d’exprimer son inquiétude alors que la Résolution 1856 autorise l’augmentation de l’effectif de la Monuc de 3.000 hommes. Rien jusqu’ à ce jour pendant que l’on a besoin du renforcement de l’effectif de la Monuc en ce moment précis pour protéger les populations congolaises. Mais Kabila et Kagame ayant ignoré l’Onu, on les laisse faire, on les laisse agir.

Autant pour l’Union européenne qui s’était pourtant empressée de demander la mise en place d’une force d’interposition. Javier Solana, la Haute autorité de l’UE ne dit plus un mot. La France qui était disposée à sensibiliser l’Angola et fournir la logistique nécessaire s’est tue En lieu et place, un «Plan Sarkozy » qui a soulevé l’indignation du peuple congolais.

Quant à l’Union africaine, c’est tout juste si elle s’est penchée sur le dossier congolais. Pas de réunion de l’UA avec la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) à Addis-Abeba. Pas de résolution ou recommandation lors de la 12ème session de l’Union africaine. Quel comportement bizarre ! Laisser faire, laissez agir, les chefs d’Etat congolais et rwandais les ayant également ignorées.

De l’approche de Washington

Le fait que la RDC et le Rwanda aient décidé de lancer l’opération militaire conjointe le 20 janvier 2009 ne laisse pas indifférents des observateurs avertis. Il s’agissait d’un signal à l’endroit de Washington avec l’investiture de Barack Obama en qualité de président des Etats-Unis. Signal de paix ? Probablement. Mais de quelle paix ? Toute la question est là.

Pour se déterminer, tout le monde attend l’approche de Washington. Bien avant son investiture, Barack Obama avait déjà lancé un signal fort. Il réclamait la fin de la guerre en RDC. Mais bien plus, exigeait que «  tous les gouvernements étrangers qui déstabilisent la RDC doivent être tenus pour responsables. Que les ressources naturelles doivent revenir à leurs Etats pour qu’ils tirent les revenus nécessaires ». De quoi susciter de nombreuses interrogations dans la tête des va-t-en guerre.

Et le 7 février 2009 à Munich, lors de la « Conférence sur la sécurité » Joe Biden, vice-président des Etats-Unis, dans le premier discours de politique étrangère des Etats-Unis, a enfoncé le clou :   « Les Etats-Unis sont déterminés à instaurer un ton nouveau dans les relations internationales. Nous allons pratiquer le dialogue. Nous allons écouter. Nous allons consulter. L’Amérique a besoin de tout le monde, tout comme le reste a besoin de l’Amérique ».

L’Union européenne devra certainement se déterminer au regard de ce discours. Elle qui a un regard sur l’Afrique avec toutes ces sociétés multinationales qui entretiennent des conflits armés ; ces   « Messieurs d’Afrique » qui disposent des intérêts sur le continent. La future politique américaine, si elle ne change pas, vise à mettre un terme au règne des « faiseurs de guerre ». Car Obama a deux objectifs : réconcilier les Américains avec eux-mêmes, et réconcilier les Etats-Unis avec l’extérieur pour effacer cette image de « super gendarme du monde ».

Echec des faiseurs de paix

Mais les confrères de Libération qui s’interrogent en même temps que nous sur ce silence troublant et parfois inquiétant de l’Onu, de l’Union européenne et de l’Union africaine, parlent plutôt d’un échec des « faiseurs de paix », sous-entendu l’Onu et l’Union européenne. Ils l’expriment en ces termes : « Loin d’aboutir à des accords de paix durables, les nombreux parrains du processus de paix et la multiplication des forums de dialogue ont fini par former un véritable labyrinthe international où diplomatie officielle et diplomatie officieuse s’entrecroisent, où la rivalité entre les institutions, les Etats et les égos diplomatiques est de règle et où le système décisionnel international devient opaque. Pas moins de trois médiateurs (un pour l’Onu, un pour l’UA et un autre pour la Communauté de développement austral) sont mandatés pour résoudre la crise du Nord-Kivu, sans compter les émissaires secrets et les envoyés spéciaux déjà désignés.

Confrontée à d’importants problèmes de conférence dans la gestion de ce processus de paix, la communauté internationale qui parraine les négociations en cours doit urgemment faire un travail d’autocritique pour réviser une méthode inefficace et réhabiliter la contrainte militaire, imposer une division du travail claire et effective au sein des négociateurs et des donateurs et essayer d’apporter des solutions aux problèmes particuliers d’une région qui combine l’hyperpauvreté, mauvaise gouvernance, luttes foncières et exploitation illégale des ressources naturelles. Paradoxalement, l’échec du processus de paix congolais qui s’est traduit par 300.000 déplacés et un nombre indéterminé de morts au Nord-Kivu à la fin de 2008, s’explique tout autant par le comportement des faiseurs de guerre que celui des faiseurs de paix qui doivent maintenant prendre des décisions courageuses s’ils veulent tenter de régler ce conflit au lieu de le geler – comme d’habitude ».

Des propos qui confirment, une fois de plus que la guerre en RDC est avant tout une « question d’intérêts ». Si ce « silence troublant » est une façon de « geler le règlement de conflit » en RDC et attendre, comme d’habitude, un revirement spectaculaire de la situation pour permettre à l’Onu et l’Union européenne de reprendre les choses en mains, il revient aux présidents de la RDC et du Rwanda d’en tirer toutes les conséquences. L’échec de leur démarche se traduirait par un effet boomerang aux conséquences imprévisibles.

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S
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