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VIGILANCE RDC
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10 février 2009

Opérations conjointes RDC-Rwanda à l’Est : les inquiétudes se mêlent à la confiance

Militaires_brass_sGoma chef-lieu de la province du Nord-Kivu expérimente une ère de paix, après les événements troubles de ces derniers temps qui ont vu s’opposer à quelques kilomètres de la ville les unités des Forces armées de la Rdc et les éléments rebelles de Laurent Nkunda, autrefois, regroupés au sein du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). C’est une ville en pleine renaissance que l’on découvre à la descente d’avion. Pourtant, il y a quelques jours, la psychose était perceptible tant qu’on annonçait la progression des éléments du CNDP.

Aujourd’hui, avec l’accord conclu entre la RDC et le Rwanda pour la pacification de l’Est avec le lancement des opérations conjointes FARDC et l’armée rwandaise pour la neutralisation des FDLR, suivi quelques jours après par la cessation des hostilités entre les FARDC et les forces rebelles du CNDP, la vie renaît à Goma. « La vie a repris. Nous croyons que cette fois-ci chacun jouera sa partition pour que la paix revienne réellement », commente un chauffeur de taxi, rencontré au parking de l’aéroport de Goma.

Déjà, dimanche 8 février 2009, le vol Hewa Bora qui atterrit à Goma ramène le ministre de la Défense, Charles Mwando Nsimba, avec, à ses côtés, le chef d’Etat-major des FARDC. L’objet de leur présence à Goma : une évaluation à Gisenyi, ville frontalière avec Goma, avec les autorités rwandaises sur la poursuite des opérations conjointes. La confiance est donc là.

Des inquiétudes persistantent

Mais, dans le rang de la société civile, des inquiétudes ne sont pas encore prêtes à se dissiper. Le président de la coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu, Jason Luneno, l’a fait savoir hier lundi à Goma lors d’une rencontre avec la presse, particulièrement celle venue de Kinshasa. Saluant l’initiative prise entre la RDC et le Rwanda pour mener des opérations conjointes de neutralisation des FDRL, Jason Luneno ne cache cependant pas ses inquiétudes. « Nous sommes à côté du gouvernement, mais nous restons prudents et vigilants pour éviter tout dérapage d’un processus qui nous paraît empreint de beaucoup de zones d’ombres ».

Les zones d’ombre, c’est notamment, dit-il, cette demande des groupes armés d’intégrer les institutions de la République. Sur ce point, il a appelé le gouvernement à la prudence au risque de mettre en péril le processus démocratique, durement conquis depuis décembre 2006.

De son avis, Ces ex-mouvements rebelles doivent attendre la fin du mandat électoral en 2011 pou rintégrer par la voie démocratique les institutions de la République. « Il n’est donc pas question pour la société civile du Nord-Kivu d’offrir une prime de guerre à ceux qui ont tué, violé et commis toutes sortes d’exactions qui ont endeuillé des milliers de familles », a-t-il souligné.

Cependant, il n’a pas caché son soutien à ce processus qui a l’avantage de pacifier cette partie souvent endeuillée de la RDC. « Nous avons accueilli avec satisfaction la décision de ces ex-groupes armés, mais aussi nous nous opposerons farouchement à toute tentative tendant à violer délibérément la Constitution de notre pays. Le ministère de l’Intérieur doit donc faire preuve de beaucoup de minuties dans le traitement des dossiers de ces mouvements », a indiqué Jason Luneno.

Déployer le corridor de sécurité

Commentant la fin des hostilités et le ralliement du CNDP au processus de paix, Jason Luneno exhorte le gouvernement à déployer un arsenal des mesures pour sécuriser non seulement la population locale mais surtout les éléments des FDRL, ceux notamment qui se sont déjà intégrés. « Il serait imprudent de mêler tous les FDLR dans un même sac, car il y a d’autres qui se sont déjà intégrés dans la population. Apparemment, la traque telle qu’elle est menée par les opérations les éloignent juste des zones qu’ils occupaient sans vraiment résoudre le vrai problème », note-t-il.

Selon lui, les éléments issus de ces ex-groupes armés doivent être déployés à travers la RDC, de Kibati à Muanda en passant par Kindu, Tshikapa, Kikwit ou Kasumbalesa pour parer à toute tentative de reprise de la guerre. « Cette coalition suscite beaucoup d’inquiétudes au sein de la population qui n’a pas encore oublié les exactions commises par des militaires rwandais en RDC en général et au Nord-Kivu en particulier. Nous pensons alors que l’armée rwandaise qui a été invitée chez nous officiellement doit respecter le délai de sa présence, selon les clauses contenues dans l’accord signé entre Kinshasa et Kigali. La Société civile va donc rester vigilante pour suivre le respect de ce processus », a déclaré Jason Luneno. La solution, selon lui, passe par une nette appropriation de ce processus par tous les acteurs impliqués, notamment la Société civile.

Or, sur ce point, note-t-il, « il y a trop de non dits dans les opérations conjointes menées entre la RDC et le Rwanda ». C’est le cas, souligne-t-il, du nombre des militaires rwandais engagés dans les opérations de l’Est. «Le nombre est connu non seulement par la population mais aussi par des militaires congolais qui sont dans cette opération. La Société civile connaît ce nombre et le portera à temps opportun au niveau du gouvernement. Par contre, si certains éléments de l’armée rwandaise ne rentrent pas, la responsabilité incombera au gouvernement congolais », a lancé Jason Luneno.

Concernant une possible extradition de Laurent Nkunda, il a fait savoir que Kigali a une belle occasion de prouver qu’il n’est pas un pays qui entretient le terrorisme dans le sous-région. « Le Rwanda doit respecter l’article 7 du Pacte d’engagement sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs (…). Si le Rwanda n’extrade pas Nkunda, il sera considéré comme un Etat terroriste dans la région ».

C’est dire Kinshasa et Kigali ont chacun en ce qui le concerne un rendez-vous avec l’histoire. Le temps de faire réellement la paix est venu. Le chemin vers la paix est toujours parsemé d’embûches et d’obstacles, dit-on.

Mais, le plus important c’est de savoir comment les contourner pour atteindre l’objectif ultime de la paix. Reste à espérer que Kinshasa et Kigali regardent dans la même direction.

Source : le potentiel /kinshasa

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Commentaires
J
Au-delà des informations que livrent les officiels, j'aimerai avoir des témoignages de terrain des agents humanitaires ou des religieux qui cotoient nos populations au jour le jour pour savent comment elles vivent cette situation. Je crois que c'est, les Congolais en ont aussi besoin. Les communiqués des états-majors ne nous disent pas tout.
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