C'est fini pour Kamerhe, dites-vous ?
Le sort s'acharne contre Kamerhe. Quoi qu'il ait dit et expliqué, à tout le monde et à tous les niveaux, son sort est désormais entre les mains des faucons qui ne lui pardonnent rien. Même pas les péchés qu'il n'a jamais commis. Après toutes les pressions multiformes et tout le battage médiatique fait ici et là pour éloigner Kabila de Kamerhe, une chose peine tous les patriotes : quelle est cette crise politique qui ne peut se dénouer que par des pendaisons politiques des supposés coupables.
Pour punir Kamerhe, et pour ne pas donner l'impression que c'est à lui seul qu'on en veut spécialement, c'est tout le bureau de l'Assemblée nationale qui va être sacrifié. Si les informations en notre possession s'avèrent exactes, les faucons ont fini enfin après moult messes noires, par avoir la peau de Kamerhe. Ils l'ont eue, disent-ils, pour aider Kabila à se débarrasser de quelqu'un qui, depuis longtemps déjà, faisait de l'opposition souterraine contre lui. Le tout assaisonné d'un chapelet de mensonges et de manipulations auxquels Kabila aurait la sagesse de ne pas céder.
Le chef ne doit pas oublier que sa cour, comme toutes les cours du monde, est remplie de loups et de chiens méchants. L'obliger aujourd'hui à ne faire attention qu'au seul et rare chien de sa cour qui ose aboyer, ce n'est pas rendre un bon service au chef. A tort ou à raison, aboyer publiquement n'a jamais été considérer comme un crime ou un signe d'infidélité d'un chien vis-à-vis de son maître.
Un chien vigilant doit savoir aboyer. Et la sagesse populaire nous apprend que " chien aboie ne mord pas ". Le chien qui mord c'est celui qui tourne autour du chef en se contentant d'agiter sa queue en signe de fidélité. Une fidélité toute trompeuse, comme l'histoire nous l'apprend chaque jour qui passe.
Dès lors, et alors, que cherche-t-on avec la mort politique de Kamerhe sinon créer des fissures, et pour quelle finalité ?- dans la muraille politique de Kabila. Dans les couples comme dans les familles politiques, les crises sont inévitables, et constituent même le socle de leur solidité. Si elles sont absentes, c'est qu'il y a absence de vie. Par conséquent, il est même conseillé de les provoquer au besoin, parce que tonifiantes, elles permettent souvent de mieux recadrer les choses.
Pourvu qu'elles soient bien gérées, les crises permettent aussi de clarifier le débat. Kamerhe parle à la radio Okapi, et les faucons en font un crime contre Kabila. Alors que ceux qui rasent, jour et nuit, directement ou par personnes interposées, les murs des chancelleries en se servant uniquement de murmure comme langage, eux sont des fidèles, eux ne courent aucun risque. Il faut même les applaudir.
Non ! pour ce que nous en savons, le sort qu'on s'acharne à réserver à Kamerhe est injuste. Il ne le mérite pas. Donner un point de vue, même en se trompant, ne saurait, en toute honnêteté, être assimilé à de l'opposition souterraine contre Kabila. Ça ne saurait signifier non plus que c'est être plus proche du MLC que du PPRD, le parti auquel il appartient.
Si les architectes acharnés de divorce Kabila-Kamerhe croient avoir réussi leur coup, ils ne doivent pas oublier cependant qu'entre les deux hommes, qui se connaissent bien, la confiance a peut être été malmenée, mais pas au point d'être rompue.
En attendant, les " Josephites " de tous bords ont un devoir impérieux. Celui de se mobiliser pour faire échec à cette tentative qui consiste à acculer Kabila à se défaire d'un lieutenant, parmi les meilleurs de son entourage politique. Autrement dit, quoi qu'il arrive, ça ne sera jamais tout à fait fini pour Kamerhe. Ni entre lui et Kabila
Source : l'observateur/Kinshasa