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VIGILANCE RDC
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29 mars 2009

Mme Eugénie Tshiela Compton : « Notre ambassade à Londres n’est débitrice de personne »

drapeauEn séjour à Kinshasa, pour des raisons de famille, Madame Eugénie Tshiela Compton, ambassadrice de la République démocratique du Congo à Londres, a saisi cette opportunité pour faire le bilan de son mandat diplomatique. Mais également apporter un éclairage sur tout ce qui se dit autour d’elle et de la chancellerie congolaise dans la capitale britannique.

Quel est le bilan de vos trois ans à la tête de notre représentation diplomatique à Londres?

J’ai pris officiellement mes fonctions à Londres en février 2006. En 42 mois de gestion, en dépit de graves difficultés qu’on a avec les passeports et les vignettes visas qu’on n’a jamais reçus depuis notre nomination comme chef de mission diplomatique, notre ambassade à Londres n’est débitrice de personne. Dieu seul sait combien elle était endettée avant mon arrivée. J’ ai été obligée d’effacer une partie de l’ardoise laissée par la gestion précédente pour éviter des ennuis avec le protocole de la Reine ou le Foreign Office.

La fonction essentielle d’un ambassadeur est de gérer les relations bilatérales. Actuellement, entre la Grande-Bretagne et la RDC, les relations diplomatiques ont atteint un niveau jamais égalé pendant les dix dernières années. Elles sont au beau fixe. Aujourd’hui, j’ai réussi à faire adhérer un nombre important de parlementaires britanniques au groupe Amitié Congo - Grande-Bretagne. A ce que je sache, c’est le plus grand groupe de lobbying acquis à la cause d’un pays au Parlement Britannique.

Du coté qualité de notre administration, notre ambassade a été alignée en troisième position après la Grèce et la Nouvelle Zélande, avant la France, la Belgique et les Etats-Unis d’Amérique par le gouvernement britannique. Et il faut le faire dans une mission diplomatique où il n’y a même pas de résidence pour l’ambassadeur, où plus de la moitié du personnel provenant du résidus de différents cabinets politiques ne parlent ni n’écrivent l’anglais. Donc, incapables de vous représenter quelque part. II faut le faire dans une ambassade où le chef de mission n’a même pas de chauffeur, et la plaque d’immatriculation CD pour la voiture officielle a été donnée en gage par mon prédécesseur à un garagiste, et sa récupération va coûter les yeux de la tête aux contribuables congolais. En tout cas, ma présence dans cette représentation diplomatique est un vrai parcours de combattant. Il faut vraiment aimer son pays pour travailler dans ces conditions de frustration permanente et avoir les fleurs du pays hôte.

A mon initiative, plusieurs entreprises britanniques sont venues investir dans notre pays, au Katanga notamment. Pour le moment, la Grande-Bretagne est devenue le grand bailleur de fonds de la RDC au niveau de l’Union européenne.

Ajouter à cela les visites successives des officiels britanniques dans notre pays et vice-versa.

En novembre 2006, réciprocité oblige, j’ai été amenée à grimper, au nom du chef de l’Etat, ‘ben Nevis en Ecosse qui est la plus haute montagne du Royaume-Uni en plein hiver. J’ai gagné 15 000 livres sterling en faveur d’une église londonienne. Tout cela pour faire rayonner l’image de marque de notre pays et de notre président, et montrer que nous ne sommes pas là toujours pour recevoir mais que nous pouvons aussi être utile.

Grâce à mon sens de lobbying, ou mieux encore, grâce à mes efforts, le ministère britannique de la Coopération Internationale ( DFlD) s’est installé à Kinshasa, créant ainsi des emplois. Il a même construit un joli bâtiment dans la capitale, lequel avait été inauguré par l’ancien ministre aux Affaires étrangères, Son Excellence Ramazani Baya, actuellement Sénateur, à qui j’exprime mes respects et ma gratitude. Tout simplement parce que de par sa façon de travailler, ce diplomate chevronné m’a donné le goût de la diplomatie, quoique étant moi-même diplomate de formation.

Et après pareils sacrifices consentis, au lieu de me voir récompensée, au contraire, on s’amuse à tirer à boulets rouges sur moi et ma famille, en usant même des mensonges. Je voudrais savoir qui est derrière cette cabale pour faire de moi le dindon de la farce ou un bouc émissaire.

Que dites-vous, Madame, au sujet de l’ambassade que vous dirigez ?

J’ai vraiment pitié des auteurs de différents articles qui paraissent sur la situation qui prévaut au sein de notre ambassade à Londres. D’après les informations en ma possession, il y a eu un «envoyé spécial» d’un journal qui en fait est un invité des diplomates en mal de positionnement qui l’ont expressément orienté vers la délation. Pourtant, cette situation dont on voudrait d’une manière abusive m’imputer est connue de tout le monde.

Il y a en effet une situation inconfortable à Londres, mais l’on doit d’abord se poser la question de connaître son origine pour éviter de tirer des conclusions erronées et hâtives. On se souviendra qu’au mois d’octobre 2008, j’ai eu à intervenir abondamment tant au niveau de la presse nationale qu’internationale pour donner des éclairages à ce sujet. Les quatre diplomates concernés sont ceux rappelés à l’administration centrale ou mutés. Ils refusent de rejoindre leurs nouveaux postes d’attache. L’un d’eux, un comptable qui a déjà fait 22 ans en Grande-Bretagne, a été le grand complice du bradage du bel immeuble de notre chancellerie d’antan, un building digne de ce nom situé dans un des quartiers les plus prestigieux de Londres, vendu à vil prix pour l’acquisition d’une «boyerie» dans un endroit sinistre et malfamé.

En effet, c’est lui qui détenait les titres de ce patrimoine de l’Etat congolais. Lorsque je suis arrivée en poste à Londres, l’ayant pris en flagrant délit de détournement du denier public, je l’ai mis à la disposition de l’administration centrale. En tout cas, refuser de travailler avec des diplomates véreux fait partie des prérogatives d’un chef de mission diplomatique. Mais comme il se croit «intouchable», il continue à faire de la résistance. Il y a encore dans cette affaire une dame. Cela me fait mal de voir une dame agir de la sorte, alors qu’elle est mutée depuis trois ans en Allemagne après vingt ans de service à Londres Elle refuse de rejoindre son nouveau poste de travail pour des raisons que j’ignore. Les deux autres sont également dans des situations similaires.

Pourquoi occuent-ils les dépendances de l’ambassade

A mon arrivée à Londres, j’ai trouvé une situation rocambolesque: trois familles de plus ou moins 20 personnes habitaient une maison supposée être la résidence de en plus de la vente de l’immeuble de notre chancellerie à vil prix, avait aussi hypothéqué cette maison occupée par les diplomates avec de grands arriérés de paiement l’ambassadeur, puisque celle affectée comme résidence du chef de mission diplomatique avait été vendue par un de mes prédécesseurs. Mais celui qui était là avant moi, des frais de diverses natures, notamment celle de l’eau et de l’électricité, etc. En effet, après avoir vendu la «Chancellerie», ils avaient transféré dans un premier temps l’ambassade en cet endroit en consommant eau et électricité sans payer la note.

A la fin, ces arriérés ont constitué une vraie bagatelle somme pour notre fragile trésorerie. Comme conséquence de cette fâcheuse situation : l’électricité coupée dans cette maison. Et le courant interrompu de 12 h00, à 14 h, ses pensionnaires sont venus alors, avec biens et enfants, prendre d’assaut notre ambassade.

Contrairement à ce qui est écrit dans les journaux, il n’y a pas eu déguerpissement des habitants de cette maison mais plutôt coupure d’électricité. Profitant de mon absence, ces diplomates récalcitrants ont monté ce scénario de mauvais goût. D’ailleurs, si jusque-là cette maison frappée d’hypothèque reste encore un bien de la République démocratique du Congo, c’est parce que j’ai eu à expliquer au tribunal que la transaction dont question n’est pas le fait de l’Etat propriétaire mais des actes d’un individu qui a abusé du pouvoir qui lui a été confié. En principe, ces diplomates en conflit avec la République devraient encourir des sanctions disciplinaires exemplaires. Mais apparemment, on les laisse faire pour des motifs inavoués, soutenus sûrement par leurs alliés et parrains à Kinshasa. Mais par rapport à votre mandat, qu’est-ce qu’ils vous reprochent?

Rien, apparemment rien de sérieux. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on recourt aux voies de fait, chantage, médisance, intrigues, etc. pour chercher à m’intimider. Ces personnes sont tellement habituées à faire de notre ambassade la cour du «roi Pétaud» qu’elles n’acceptent pas aujourd’hui que quelqu’un cherche à y mettre de l’ordre. Faute de m’avoir sur le chemin du professionnalisme, pour dissimuler leur propre incompétence, ces diplomates utilisent maintenant les moyens délictueux pour arriver à leurs fins. Pendant trois ans et demi de gestion, contrairement à ceux qui m’ont précédé, il n’y a actuellement aucune dette de l’ambassade vis-à-vis des tiers. Et contrairement aux précédentes habitudes, je n’ai détourné aucun sou. D’ailleurs, les mécanismes de transfert d’argent sont tellement verrouillés que seuls les esprits malins peuvent avoir de telles idées. Ce qui est malheureux, c’est ce fait d’avoir attendu que je vienne consoler ma famille frappée par un double deuil pour semer la zizanie. Et plus grave, d’entraîner dans ce petit jeu mesquin le chargé d’affaires qui assume mon intérim. Quel bilan sérieux peut-on faire en trois semaines de gestion? En tout cas, moi, j’ai attendu une année pour faire le mien. Tout cela est fait à dessein pour me vilipender. Comment comprendre, en dépit du fait que cela soit strictement interdit par les instructions, qu’un chargé d’affaires puisse quitter sa juridiction pour aller répondre à un contrôle des inspecteurs dans un autre pays? Je me demande donc quel complot se trame encore derrière mon dos.

A propos du financement de l’ambassade par votre mari

Ce sont nos diplomates en perpétuelle difficulté qui viennent de temps en temps me demander de leur avancer de l’argent. Et par compassion, je le fais, non avec de l’argent de l’ambassade, puisqu’il y en a pas toujours, mais avec mes réserves familiales auprès l’autorisation de mon mari.

En outre, pour permettre au personnel de bien passer les fêtes de fin d’année, en attendant le transfert de leurs émoluments, j’ai tiré un chèque sur un compte bancaire familial à la disposition de la trésorerie de l’ambassade. C’est là que je fustige ce genre de chevaliers de la plume qui font fi des règles déontologiques de base leur demandant de traiter tous les problèmes sans parti pris et de présenter honnêtement les sujets sans soulever de la controverse. Cette machination est purement et simplement un acte d’ingratitude à l’endroit de quelqu’un qui vous a tiré du pétrin. La réalité est que mon mari a plus d’une fois consenti ce genre d’avances afin de soutenir mon travail. A la sollicitation de nos diplomates, il a, à plusieurs reprises, disponibilisé de l’argent pour la paie de nos salaires lorsque la situation devient intenable. Vivre sans argent à Londres est une situation absolument désagréable, surtout pour un diplomate. Même la facture de la voiture officielle de l’ambassade a été à moitié payée par ma famille.

Pour le moment, le chef de mission diplomatique de la RDC à Londres que je suis, est hébergé par sa famille, faute d’une résidence officielle pour l’ambassadeur. Mon mari accepte tous ces sacrifices pour faire rayonner l’image de marque du pays et de son épouse en Angleterre. Et comme si ces agitateurs ont perdu la mémoire, il n’y a pas si longtemps qu’ ils prétendaient que l’époux de Mme l’ambassadrice Tshiela Compton était le grand et riche bailleur de fonds du Rassemblement Congolais pour la Démocratie. Maintenant, il devient assez pauvre pour être le fossoyeur des finances de l’ambassade. Quelle contradiction!

Pensez-vous êtree victime de qui ou de quoi ?

Je suis à la tête de cette représentation diplomatique de par la volonté du chef de l’Etat qui m’a nommée en tenant compte des critères d’efficacité. Ceux qui pensent que c’est l’appartenance à telle famille politique ou à tel regroupement qui prime sont contre la vision du président de la République qui s’est présenté aux élections comme candidat indépendant pour justement éviter ces pesanteurs et être ainsi le président de tous les Congolais. Ceux qui veulent agir autrement détruisent la vision de rassembleur du chef de l’Etat.

Pour répondre à votre préoccupation, je suis victime de plusieurs petites choses qui se recoupent, en des faits ci-après:

1 ° Les gens confondent ma vie privée, notamment mon confort familial habituel, avec ma fonction officielle. J’ai une vie en dehors de mon statut d’ambassadeur qui n’a rien à voir avec celui-ci.

2° Avec mon intégrité morale et mon respect de la res publica, je deviens un témoin gênant pour ceux qui ont participé à la prédation du patrimoine de notre mission diplomatique à Londres.

3° Mon leadership naturel ainsi que mon dévouement à la cause de mon pays indisposent les médiocres qui voudraient me voir enliser dans la boue comme eux. Mais ils se trompent énormément sur mon compte. J’ai commencé ma vie publique à 25 ans avec mon élection comme députée nationale à Kananga. D’ailleurs, depuis lors, aucune autre femme n’a été élue députée dans cette ville.

4° il y a maintenant trop d’échotiers qui publient du «n’importe quoi» sans le moindre souci d’investigation, tout simplement parce qu’ils ont des rapports marchands ou familiaux avec leurs commanditaires.

5° Mon acharnement à vouloir faire triompher les «Cinq chantiers» du chef de l’Etat en faisant comprendre aux bailleurs de fonds britanniques, tant privés qu’officiels, .., la nécessité d’aider ce beau et grand pays au cœur de l’ Afrique, semble déplaire à certains apparatchiks qui louchent avec un appétit vorace et non dissimulé sur la place de Londres.

Pourtant, je fais de mon mieux pour sortir le pays de sa situation actuelle. Même en ce dur moment, j’ai réussi à faire venir au pays un important groupe d’acheteurs de diamant venus rouvrir leurs comptoirs en RDC alors que cela fait plus de dix ans qu’ils n’y ont plus mis les pieds.

Mais comme on le dit, on ne jette des pierres qu’à un arbre qui porte des fruits. Je sais que mon parcours sans faute ne plaît forcément pas à tout le monde, surtout pas à ces collaborateurs malintentionnés qui avaient fait de notre représentation diplomatique à Londres leur vache à lait. Mais ils doivent savoir que même si mon mandat n’était pas renouvelé par le garant de la nation, ce n’est pas eux qui vont me remplacer.

Source : le Potentiel/Kinshasa

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