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VIGILANCE RDC
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2 avril 2009

La RDC conclut avec le FMI… recale les contrats chinois

FMILe Fonds monétaire international est disposé à relancer les négociations pour un nouvel accord formel avec la RDC. Brian Ames, son chef de mission en RDC, l’a confirmé mardi au cours d’une conférence de presse. A fin avril, la RDC devait donc renouer avec le FMI par un Programme triennal (PEG II) sur la période 2009-2011. Mais, le chemin pour y arriver a été parsemé d’embûches dont les contrats chinois. Coincé par le FMI, le gouvernement a dû faire un choix : le PEG II contre des contrats chinois.

Les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont bouclé mardi, par une conférence de presse animée en leur représentation de la RDC, leur séjour de deux semaines dans la capitale congolaise. Séjour consacré essentiellement aux consultations au titre de l’article IV des statuts du FMI. Brian Ames, chef de division au département Afrique du FMI, qui conduisait la délégation, a donné rendez-vous, fin avril à Washington, aux autorités congolaises pour approfondir les discussions pour la conclusion d’un nouvel accord formel entre les deux parties. Le temps, certes, pour la RDC d’affûter ses armes avant d’adhérer à sa thèse, en marge des assemblées de printemps du FMI et de la Banque mondiale, les experts du FMI.

D’orès et déjà, il est presque établi que la RDC aura finalement à conclure son second programme triennal, soutenu par le FMI au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC) sur la période 2009-2011. Le pays pourra bénéficier, durant cette période, de 500 millions Usd.

LA CAPITULATION

Ce n’est pas de gaieté de cœur que la RDC a assoupli sa position. Car, en trois années de discussions, et ce, depuis la fin brutal du premier PEG en mars 2006, les contrats chinois ont été le point d’ancrage des négociations devrant ouvrir la voie au PEG II.

Que la RDC se soit aujourd’hui rétractée, acceptant de conclure le plus rapidement possible un nouvel accord avec le FMI, sous-entend un forme voilée de la capitalisation du gouvernement congolais à ses exigences, formulées depuis toujours en terme d’un ajustement des contrats chinois avant tout nouveau programme avec la RDC. Ainsi, Kinshasa a eu son programme triennal sur la période 2009-2011, mais en retour, elle a dû revoir à la baisse ses ambitions de reconstruction, résumées dans les « cinq chantiers » de la République pour lesquels les Chinois ont promis d’apporter un appui significatif à leur réalisation.

Les contrats chinois ont bel et bien subi un coup – un grand coup, pense-t-on dans les milieux spécialisés. Ni l’un ni l’autre - gouvernement ou FMI - ne voudrait l’avouer. C’était, semble-t-il, le prix que la RDC a consenti à payer pour renouer formellement avec le FMI. Brian Ames, non plus, ne l’a peut-être pas dit de manière explicite. « Nous attendons la finalisation des études de faisabilité pour nous décider (…). Au niveau du FMI, nous appuyons la politique du gouvernement d’améliorer les infrastructures, important pour le développement de ce pays », a-t-il dit, ironiquement.

Mais, c’est le vice-premier ministre en charge de la Reconstruction, Emile Bongeli, qui a été beaucoup explicite sur le sujet, samedi dernier lors de la réunion mixte Gouvernement-FMI. « Au regard du deuxième objectif (Ndlr : du PEG II), celui de bénéficier des allègements de la dette dans le cadre » du processus PPTE, le Gouvernement s’est engagé à s’abstenir de contracter et de garantir de nouvelles dettes (Ndlr : dont celles découlant des contrats chinois) qui peuvent mettre en cause la soutenabilité de la dette en vue d’atteindre le point d’achèvement, … », a-t-il déclaré. C’est tout dire.

A ce sujet, la crainte pour le FMI, a-t-il indiqué, est de voir la RDC s’engager dans deux initiatives divergentes dans leur phase d’exécution. Avec le FMI, l’objectif est l’atteinte au point d’achèvement à l’initiative PPTE. Donc, l’annulation de près de 90% d’un stock de la dette extérieure évalué à environ 12 milliards en valeur actuelle nette. Les contrats chinois, par contre, ont pour objectif la reconstruction des infrastructures de base, par voie d’endettement, arguent les experts du FMI.

Comment dès lors, notent-ils, aider la RDC à l’effacement de sa dette si, en même temps, le pays s’engage dans un nouveau cycle d’endettement en se tournant vers la Chine ? D’où, le dilemme, le même qui aura bloqué pendant trois ans les négociations d’un nouvel accord entre le FMI et la RDC.

Que le FMI accepte aujourd’hui de se lier formellement avec la RDC, rien d’étonnant. Qu’en échange, la RDC se soit pliée à ses exigences, c’est dire que l’abandon partiel des contrats chinois a été obtenu. Notamment la partie assortie d’une dette aux conditions jugées non concessionnelles par les services du FMI.

LE CHOIX DIFFICILE

Ce n’est nullement une question de vie ou de mort. Mais, à tout prendre, c’est l’avenir « économique » de la RDC qui se joue dans cette bataille, qui ne dit pas encore son nom et qui oppose le FMI à la Chine. Coincée par une dette non soutenable, la RDC ne peut se passer des services du FMI, seul habilité à l’aider à l’effacement de cette dette « odieuse ». Tout comme, le gouvernement se trouve devant un feu rouge. Car se détourner des contrats chinois, c’est condamner le pays au sous-développement dans un contexte d’absence d’infrastructures de base (routes, chemins de fer, etc.). Or, la Chine dispose de moyens conséquents pour satisfaire cette ambition légitime.

Certes, l’Occident demeure un partenaire traditionnel. Mais dans le contexte actuel de la RDC relever les grands défis de développement au sortir d’une guerre complexe, l’ Occident n’a pas les moyens conséquents. La Chine, avec ses impressionnantes réserves et son ambition d’hégémonie sur le plan international, a la capacité de le faire. Mais, membre également du FMI, elle doit obéir à une certaine tradition.

Les discussions entre le FMI et la RDC ont dépassé la sphère technique. Pour autant que sur papier, rien n’empêchait depuis quelque temps la conclusion d’un accord formel entre les deux parties. Les experts du gouvernement sont bien au courant de cette évidence. Mais, comment se démarquer de cette logique tant qu’on ne dispose pas de bons fusibles pour contenir l’onde de choc ?

C’est apparemment ce qui manque au pays. Le courage, la vision et la volonté politique d’agir dans le même sens que l’ont fait des pays africains tels que l’Angola, le Congo/Brazzaville, etc. qui se sont engagés ouvertement avec la Chine sans que cela n’irrite le FMI.

En quoi la RDC fait-elle exception ? Par l’importance de ses ressources, pensent certaines langues. Ou peut-être par la faiblesse de ses moyens de défense. Toujours est-il que le pays est bien en face d’un choix – difficile, mais contournable. Celui sur lequel se dessineront son sort et son destin, dans le sens des prédictions de Nicolas Sarkozy, pour faire de ce Congo un « géant » de l’Afrique ou, selon Lumumba, « une nation libre et heureuse, au centre de cette gigantesque Afrique noire ».

La RDC acceptera-t-elle de boire la ciguë que lui tend le FMI au nom de l’impératif d’une dette dans laquelle elle a bien du mal à se reconnaître ? Prenons donc garde que le pays ne sombre dans un trou noir où s’évanouiront, avec les dures exigences du FMI, comme, ailleurs au Cameroun, par exemple, et d’autres pays ayant atteint le point d’achèvement, tout projet de développement au nom d’une logique capitaliste qui a montré ses limites avec la crise financière internationale.

Il est temps, pour la RDC, de recréer son modèle de développement, loin des regards insolites de Washington où siègent le FMI et la Banque mondiale. Ce chemin de la croix rime avec courage et détermination. Mais en tirant auparavant la leçon utile de ce « bras de fer » avec le FMI sur les contrats chinois.

Source : le Potentiel

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