Athanase Matenda et Michel Lokola devant les Députés !

C’est un dossier que l’on croyait clos, après tous les tiraillements qui ont émaillé le départ de Vital Kamerhe, du perchoir de la chambre basse. Elle a plutôt rebondi. 1.550.000 dollars sortis de la Banque centrale, logés au Ministère des Finances et puis, reversés, à l’Assemblée Nationale. Cette affaire de gros chiffres est remontée à la surface, avec toutes les conséquences imprévisibles qu’elle entraîne. Martin Mukonkole, Député élu de Kabinda, a juré de tonner le tocsin. En fin de semaine, il a obtenu le quitus de ses pairs réunis en plénière, à huis clos, pour en faire l’objet d’une question orale avec débat. Ainsi, Athanase Matenda Kyelu et Michel Lokola, sont-ils obligés de s’expliquer, très prochainement. Le jour et l’heure ne sont pas encore connus. Boshab, le tout nouveau président élu, réceptionne aujourd’hui cette question orale. Il devrait donc faire diligence, pour contribuer à lever toute équivoque sur ce dossier qui fait courir aux uns et autres, des risques de perte des postes. Les deux ministres visés pour leur position stratégiques aux finances et Budget, sont réputés pour leur verve oratoire. Ils ont là, l’opportunité de se défendre devant les Députés. L’auteur de cette question ne se fait guère d’illusions parce qu’il veut pousser le Gouvernement, à reconnaître ses immixtions intempestives dans la gestion des affaires de l’Assemblée Nationale. Il plaide pour le respect strict du principe de la séparation des pouvoirs consacré dans la Constitution de la République. L’heure de vérité a-t-elle vraiment sonné pour que la représentation nationale découvre ce que cachait l’affaire de 1.550.000 dollars retirés entre les mois de février et mars 2009, à la Banque Centrale du Congo puis consignés pendant plus d’un mois au ministère des Finances, avant d’être reversés à l’Assemblée Nationale. Quelles sont les personnes politiques ou administratives ayant pris part active à ce dossier sulfureux ? Pourquoi a-t-on agi de la sorte alors que la République Démocratique du Congo fonctionne sous le respect du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs entre l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire ? Voilà le questionnement qui a conduit les Honorables députés à adopter, en dernière plénière qui s’est tenue à huis clos, l’option d’une question orale avec débat à adresser au ministre des Finances, Athanase Matenda Kyelu et à son homologue du Budget, Michel Lokola. L’auteur de la question orale avec débat, l’Honorable Martin Mukonkole, qui va saisir, dès ce matin, le Bureau de l’Assemblée Nationale, ne se fait guère d’illusions quant à l’issue de sa démarche ; encore que le nom de Modeste Bahati, ancien Questeur de cette institution, avait défrayé la chronique dans cette affaire et ce, peu avant que le Président démissionnaire du Bureau de l’Assemblée Nationale, Vital Kamerhe, ne soit poussé à la sortie par son propre camp, la Coalition majoritaire au pouvoir, AMP-PALU. L’UDEMO ayant, du reste, choisi de se frayer son propre chemin mais, sans succès. Martin Mukonkole veut contraindre le Gouvernement, par le biais de ces deux ministres, à reconnaître qu’il ne fait pas bon jeu dans cette phase cruciale de l’histoire de notre pays en s’immiscant, sans autre forme de procès, dans la gestion de l’Assemblée Nationale. Ce qui est inadmissible, a-t-on laissé entendre du côté de l’opposition. Parallèlement, il n’est pas non plus exclu que l’idée qui loge dans l’arrière-plan psychologique de cet élu de Kabinda, au Kasaï Oriental, est de voir ces deux ministres être virés du Gouvernement. La question qui se pose est celle de savoir s’il y parviendra. Il ressort des analyses pertinentes que toute action visant à déboulonner le gouvernement à l’heure actuelle est un pari risqué. Encore que ce coup proviendrait de l’opposition, celle-là même qui a été battue à plate couture, lors du dernier remue-ménage, à la chambre basse du Parlement constituée d’une majorité éprouvée, reconstituée, consolidée ou ressoudée autour de Kabila. L’histoire de Kingakati est encore fraîche, dans la cervelle. Dès lors, il serait donc illusoire d’admettre une telle alternative. Le vote n’irait en tout cas pas en faveur de l’opposition. Cela est prévisible. Evariste Boshab : un véritable arbitre Non seulement que le Président de l’Assemblée Nationale, Evariste Boshab, se doit de réceptionner la question orale avec débat de l’Honorable Martin Mukonkole, mais qu’il doit étudier, le plus rapidement possible, la faisabilité de convoquer une plénière, à ce sujet. Or, l’expérience passée a montré qu’en pareille circonstance, la surchauffe des esprits ne manque et qu’il faudra s’ériger en arbitre. Sinon, des envolées oratoires seront à l’ordre du jour. C’est ici justement que Evariste Boshab est appelé à s’ingénier pour jouer impeccablement son vrai rôle ; celui que les uns et les autres attendent. C’est le rôle d’un véritable arbitre, comme il l’avait si bien déclaré, le jour de son accession au strapontin du Parlement. Il sera jugé à la pièce. C’est encore là, un autre test, après le baptême de feu initial.

Source : la Prosperité/Kinshasa