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VIGILANCE RDC
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11 mai 2009

Dans une interview au journal Le soir, Joseph Kabila en quête de collaborateurs sûrs annonce un chambardement imminent

Plus guère de doute sur le chambardement que le président de la République s’apprête à opérer notamment au gouvernement, puisque le Chef de l’Etat n’en fait plus de mystère dès lors qu’il a clairement annoncé dans une interview au journal Le Soir sa détermination à rechercher à placer des hommes sûrs qu’il faut à la place qu’il faut

Après la capitale Kinshasa, c’est dans le Bas-Congo que le président Joseph Kabila est allé donner le coup d’envoi à plusieurs des grands chantiers d’infrastructure. Ces chantiers sont mis en œuvre par les grandes sociétés chinoises qui n’ont pas attendu le feu vert du Fonds monétaire international (FMI) pour se mettre à l’ouvrage, répondant ainsi aux vœux du président qui se préoccupe déjà de l’échéance de 2011, quand il se représentera devant les électeurs.

Au sortir de la guerre à l’Est qui, l’an dernier, avait mobilisé toutes les énergies, à mi-chemin de son mandat, à l’heure où les grands travaux démarrent enfin, le président Kabila a accordé au Soir une interview exclusive où il fait le point de ce qui a été réalisé et des défis qui demeurent. Ci-après le texte intégral de cette interview.

En Europe, on s’imagine que les accords avec les Chinois sont encore réversibles. Mais ici, dans le Bas-Congo, les travaux ont déjà commencé…

À Kinshasa, à l’Est, partout dans le pays, les travaux ont commencé. C’est le début de la réalisation de nos efforts. Le chemin à faire est encore très long, mais l’essentiel est d’avoir commencé. D’ici la fin de cette année, on verra un vrai changement. Maintenant que nous sommes un peu à l’aise – je dis bien : un tout petit peu –, on se met enfin au travail. Jusqu’à présent, la situation à l’Est nous avait toujours bloqués, aussi bien du temps de mon père Laurent Désiré Kabila que du mien.

L’absence d’une solution à l’Est du pays, c’était le verrou qui nous empêchait de faire autre chose… Ces problèmes ont absorbé beaucoup d’argent, d’efforts, d’énergie. Les Congolais, tous autant qu’ils sont, sont très attachés à l’unité nationale. Lorsqu’un problème se pose à l’Est, il a des répercussions dans tout le pays. Mais maintenant, cela semble aller dans la bonne direction. Suis-je optimiste ? Oui, mais on n’a pas encore atteint le point de non-retour, cela peut encore basculer. Je crois tout de même qu’à 80 %, nous sommes sur la bonne voie…

Pourquoi avez-vous décidé de renouer avec le Rwanda ?

Tout comme nous, les Rwandais se sont rendu compte qu’on ne pouvait plus continuer comme cela, que la guerre, finalement, on ne la gagne jamais. À l’Est, que n’avons-nous pas perdu ? Des vies humaines ont été sacrifiées, les populations ont souffert. Lorsque je suis allé là-bas, j’ai vu la douleur des déplacés mais aussi l’espoir d’un prompt retour à la normale. Il est évident qu’à l’Est subsistent des forces qui veulent saboter le processus, la paix n’est pas souhaitée par tout le monde… Mais ceux-là sont une minorité.

Cette tentative de rétablissement de la paix à l’Est, qui s’est cependant soldée par un succès relatif, ne vous a pas valu beaucoup d’éloges en Occident…

C’est cela la contradiction. Peut-être l’Occident a-t-il été tellement préoccupé par la crise économique et financière qui le frappait qu’il a perdu de vue notre région… Mais ce qui compte pour nous, ce sont les félicitations de notre population, et elles n’ont pas manqué durant la longue tournée que j’ai effectuée à l’Est.

Sur le plan intérieur, n’avez-vous pas été surpris par les déclarations du président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, qui s’est dit hostile à l’opération militaire conjointe rwando-congolaise ?

Dans un combat, il y a toujours un petit retard de compréhension… Au sein d’un mouvement, parmi les camarades, quand on lève des options stratégiques, il peut y avoir des retards de compréhension, et aussi de la mauvaise foi. Déçu, oui, sans doute, mais la déception, on vit avec. L’essentiel, c’est que nous ayons retrouvé la stabilité, que la paix s’annonce. Au cours de cette crise, nous étions sereins, je ne vois pas comment la situation aurait pu nous échapper… À nous de renforcer les actions sur le terrain et de livrer la vraie guerre, la lutte contre la pauvreté… Car finalement, c’est la pauvreté qui nous conduit à la guerre et vice versa…

Le temps de votre mandat file vite : d’ici à 2011, il vous reste deux ans…

Je préfère dire qu’il nous reste quatre ans… Quatre ans si on travaille 24 heures sur 24, ce que nous sommes en train de faire. Mais pour cela il faut avoir des gens déterminés, dynamiques…

Vous avez récemment souligné que vous aviez peu de collaborateurs fiables. Serait-ce vous qui les choisiriez mal ?

Pour choisir quelqu’un, il faut avoir une bonne connaissance de la personne. Et pour avoir cette connaissance, il faut travailler avec cette personne… Je ne peux pas changer mes conseillers tous les trois mois, il faut donner le temps aux gens… Depuis 2001, il y a eu beaucoup de changements autour de moi. Pour transformer un pays comme le Congo, il ne faut pas compter sur mille personnes, il faut avoir dix, quinze personnes bien déterminées. Alors, avec elles, on peut transformer un pays, une société. Et je m’étais effectivement demandé si j’avais ces dix ou quinze personnes… Peut-être suis-je très exigeant…

Peut-être faudrait-il aussi relancer un sixième chantier, celui de la lutte contre la corruption, du changement des mentalités ?

Il est clair pour moi que depuis 2001 et même depuis les élections en 2006, ces maux-là n’ont pas été suffisamment combattus. Si on travaille 24 heures 24, on a encore du temps pour le faire… J’avais d’ailleurs lancé un projet de lutte contre la corruption, en espérant qu’il serait financé par beaucoup de ceux qui se disent nos amis, Banque mondiale, le FMI, l’Ouest en général, mais je n’ai pas senti cet appui. Il n’y a eu que des discours… Mais bientôt, au niveau du cabinet du président, il y aura un conseiller spécial en charge de la bonne gouvernance, de la lutte contre la corruption. Sa nomination fera partie des changements que je compte opérer d’ici le mois de juin. Je vais chercher les 15 personnes qu’il me faut et les mettre à la bonne place.

Comment expliquez-vous que les Occidentaux semblent beaucoup plus critiques à votre égard que durant la transition ?

Peut-être se sont-ils rendus compte que je n’étais pas aussi maniable qu’ils le croyaient, que je ne reçois d’ordres de personne, sauf de mon peuple. Je ne veux exécuter que la volonté de notre population, qui souhaite la paix, la reconstruction et le développement du pays, la stabilité. Cette politique s’oppose peut-être aux intérêts de ceux qui pensent que l’on peut encore venir piller notre pays et conclure des contrats tels que ceux que nous sommes en train de renégocier, une démarche qui rencontre beaucoup de résistances. Alors, que faire ? Moi en tout cas je ne peux plus reculer… Je ne peux qu’avancer. Et en cours de route, nous trouvons de nouveaux amis, en essayant de garder les anciens.

Où en sont les relations avec la Belgique ?

Je trouve que maintenant, ça va… Bientôt nous aurons à Bruxelles un nouvel ambassadeur. Il a reçu comme mission de tout faire pour qu’il y ait une amélioration des relations avec la Belgique. Le terrain a été dégagé…

La reconstruction est-elle enfin en marche ?

La reconstruction est un grand défi. Depuis 2001, j’ai déjà fait plusieurs tournées à travers le pays, et je vous assure que reconstruire 100.000 km de routes, cela n’est pas une mince affaire. Donner du travail à la moitié de la population, c’est beaucoup. Je me dis qu’on a déjà commencé, que cela, c’est essentiel. Que j’obtienne ou non un deuxième mandat, ce qui compte, c’est continuer le travail…

Parlons un peu de la « communauté internationale » dont la définition est d’ailleurs assez embrouillée… Récemment, la Banque mondiale, le FMI nous ont donné 300 millions de dollars pour faire face à la crise. Dans le même temps, j’ai appris que la Roumanie avait, elle, reçu 12 milliards de dollars… Alors que nous, nous avons 65 millions d’habitants ! En fait, je considère qu’on est seuls… Il ne s’agit pas seulement du Congo, tous les pays africains sont seuls, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes… C’est ce qui explique pourquoi nous avons décidé de travailler avec les Chinois, comme avec d’autres pays d’ailleurs. Nous avons avec les Chinois un rapport d’égal à égal, « gagnant-gagnant ».

En ce qui concerne la communauté internationale, il y a eu beaucoup plus de promesses que de réalités… En 2001, 2002, 2003, j’avais multiplié les déplacements en Occident, ma politique était celle de l’ouverture. Mais finalement, au vu du peu de réalisations, de partenariat véritable, j’ai freiné ce type de voyages, le tourisme ne m’intéresse pas. Si je veux faire du tourisme, ce sera au Congo. En revanche, d’autres partenaires s’intéressent beaucoup au Congo, la Chine bien sûr mais aussi la Corée du Sud, la Russie, le Brésil… La stabilité qui revient à l’Est va encourager les investissements.

Depuis 2001, vous est-il arrivé de prendre des vacances ?

Lorsque vous êtes à la tête d’un pays comme le Congo, vous vous demandez toujours si c’est le moment, ce qui va se passer si vous partez… Lorsque je suis en tournée dans l’intérieur du pays et que je prends le volant, cela me “déstresse“. La vie que je mène est dure pour ma famille. Quant à mon avenir, on verra. Je me dis souvent que mon arrière-grand-père a été assassiné, mon grand-père aussi, mon père également, comme vous le savez. On se pose toujours beaucoup de questions

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