Ruberwa désavoué, Kapuku à la tête du RCD

Quinze membres du Collège des Fondateurs ont choisi de remercier Azarias Ruberwa Manywa, par un cinglant désaveu. Ils l’ont annoncé à la presse, le samedi 6 juin dernier, non loin du siège national du RCD, à la Gombe. Eugène Serufuli, Dr Emile Ilunga, Adolphe Onusumba Yemba, Bedy Makhubu Mabele, Freddy Suku Suku, Léon Mondale, Esaïe Kuyena, Nyongolo Alimasi Gilbert, Bampa Milabyo, Mondjo Eyoka, confient ainsi, pour expédition des affaires courantes, la gestion du comité de crise à Trésor Kapuku Ngoyi, Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi, Léon Muheto et Donatien Mabiala. Mais, de son côté, Azarias Ruberwa minimise l’enjeu et parle, carrément, d’une vaste blague et de sentiments des personnes manifestement mal intentionnées. Il promet de réagir, le plus tôt, par des sanctions exemplaires. « Je suis et reste le Président National du RCD », insiste-t-il. Il parle, en plus, de la non-conformité de cette décision en raison, avance-t-il, des dispositions des statuts qui exigeraient, pour asseoir une telle démarche sur la voie légale, les 2/3 des membres du Collège des Fondateurs. Le Rassemblement Congolais pour la Démocratie est en pleine crise. Une bagarre rangée a failli mettre du feu aux poudres, le samedi 6 juin dernier, au siège de ce parti politique situé au début de l’avenue Haut Commandement, dans sa jointure avec le Boulevard du 30 juin, à la Gombe. Deux groupes compacts se disputent le leadership. La police nationale s’y est, d’ailleurs, mêlée, pour éviter le pire. La garde rapprochée est, elle aussi, intervenue, pour écorner la volonté des boutefeux de leur Chef qui voulaient, à tout prix, profiter d’une séance d’installation des ligues des jeunes, pour en finir avec les jeux des coulisses. Après tout, la sortie des uns et autres, sur scène, a permis d’éclaircir le ciel. Tous les secrets sont connus. Désormais, quinze membres du Collège des Fondateurs ne sont plus en odeur de sainteté avec l’enfant terrible de Minembwe, Me Azarias Ruberwa. A l’issue d’une déclaration politique, ils trahissent leur totale déception, en le désavouant. Ils lui reprochent, en effet, une série de manquements dont la désarticulation et le dysfonctionnement des organes du parti rendant ainsi la visibilité du RCD de moins en moins perceptible sur l’échiquier politique du pays, le cumul des fonctions, la mauvaise gestion des ressources humaines, matérielles et financières. Ils mettent également sur le dos de Ruberwa Manywa, la mauvaise politique d’encadrement des cadres, la spoliation des biens et ressources, l’absence de tout contrôle, la léthargie ou l’immobilisme dans l’animation des fédérations et l’incapacité à gérer la période post-électorale. Ruberwa n’aurait, selon eux, aucun programme politique, aucune orientation politique, ni le moindre petit agenda précis face aux enjeux futurs. De bout en bout, ils râlent et ne jurent plus que sur le comité de crise qu’ils ont confié à Trésor Kapuku Ngoyi, l’actuel Gouverneur de la Province du Kasaï Occidental. Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi, Léon Muheto et Donatien Mabiala, auraient été choisis, à leur tour, pour épauler le nouveau Président dans ses lourdes tâches. Réaction du berger à la bergère Azarias Ruberwa se veut légaliste. Il parle d’une vaste blague, d’un jeu d’enfants, et de sentiments personnels des gens aux intentions nuisibles. A son avis, pour être conforme, le désaveu requiert les 2/3 des membres du Collège des Fondateurs en lieu et place de 15. Il promet, en outre, des sanctions exemplaires, pour remettre de la discipline dans les rangs. Ruberwa Manywa ouvre d’ailleurs, la corbeille de l’agitation pour rejeter, en bloc, toutes les allégations avancées. Que va-t-il se passer ? Le bras de fer est engagé. Les deux parties brandissent des documents et articles des statuts. Ruberwa dit qu’il est et demeure le Président National du RCD. Kapuku, lui, veut tout prendre, au nom du tout nouveau comité de crise. Les quinze membres ne veulent pas reculer car, c’est depuis longtemps qu’ils cherchent la tête de Ruberwa. Ce dernier, à son corps défendant, veut plutôt sévir. Il envisage de mobiliser les ligues des jeunes installées samedi, le jour même de la lecture de la déclaration contre lui, pour corriger les indisciplinés, pour fausses accusations et dénonciations calomnieuses. La confusion est donc totale. Et, l’avenir du parti est suspendu, apparemment, à un minimum de bémol, si jamais les uns et autres revenaient à la raison. La sagesse de Salomon ne va-t-elle pas aider Ruberwa ainsi que les quinze membres du Collège des Fondateurs à se ressaisir ? Rien n’est moins sûr. Mais pas, peut-être, dans l’immédiat. Comment comptent-ils s’y prendre, pour le triomphe du RCD aux élections locales, municipales et urbaines ? Ce sont là des questions auxquelles, il importe d’ajouter une série d’autres dont celle liée à la position exacte du RCD face à l’Opposition et à la Majorité. Tout en sachant, par ailleurs, que la politique de la chauve-souris ne paie pas. Des exemples sont légion, à ce sujet, dans les méandres de l’histoire politique de ce pays.

Source : la Prosperité /Kinshasa