Bemba : libération liée à la chambre d'appel
Alors que les Bembistes se frottaient déjà les mains après la décision de la Chambre préliminaire II, le procureur a semé le doute estimant que l'accusé doit rester en taule jusqu'à l'ouverture du procès
L'annonce de la libération provisoire de
Jean-Pierre Bemba Gombo le 14 août a fait grand bruit à Kinshasa où
l'état-major de son parti, le Mouvement de libération du Congo -MLC- a
animé une conférence de presse le même jour, saluant la décision et
appelant militants et autres sympathisants au calme. Le SG François
Muamba Tshishimbi était avisé. Seulement quelques heures plus tard, le
procureur Luis Moreno Ocampo a semé le doute. Si la Chambre
préliminaire II de la Cour pénale internationale -CPI- a ordonné la
mise en liberté provisoire de JPBG mais attendait encore de décider
quel Etat pourra l'accueillir dans l'attente de son procès, Moreno,
lui, n'entend pas abdiquer. Il a fait appel. Il veut carrément recaler
Bemba et le voir maintenu en prison jusqu'à l'ouverture du procès. Sur
demande du procureur, la Chambre d'appel va examiner si la décision de
remettre le chairman du MLC en liberté est correcte. Moreno présentera
ses arguments le 24 août 2009. Encore un temps de suspens.
Ce
n'est pas encore le bout du tunnel pour Jean-Pierre Bemba. L'attente
devra se prolonger dans un premier temps jusqu'au lundi 24 août. Ce
jour-là, Moreno Ocampo qui, selon un communiqué de la CPI, considère
que Bemba, toujours physiquement détenu à La Haye, doit rester en
prison, se chargera de défendre ses thèses devant les juges de la
Chambre d'appel à laquelle le sort du détenu est désormais lié. Et dans
un deuxième temps à la suite que la Chambre d'appel va
réserver à la démarche de Moreno. De celle-ci dépend toutes les
prochaines étapes. En cas de rejet, la Cour va devoir activer le
mécanisme de la mise en liberté provisoire. «L'exécution de cette
décision est reportée dans l'attente de la détermination de l'Etat sur
le territoire duquel Jean-Pierre Bemba Gombo sera libéré et de la
détermination des conditions qui lui seront imposées», poursuit le
communiqué de la CPI.
D'autres audiences décisives vont se tenir entre les 7 et 14 septembre.
La CPI va les organiser pour entendre les observations des Etats
susceptibles d'accueillir Bemba, notamment la Belgique, la France, le
Portugal, l'Afrique du Sud, l'Italie et l'Allemagne. Bemba possède
notamment des propriétés et des comptes bancaires en Belgique, où ses
enfants sont scolarisés. Il a aussi des liens sociaux importants en
France, expliquent
ses conseils. Le communiqué rendu public le 14 août indique que
l'évolution des circonstances depuis le 14 avril 2009 justifiait la
modification de toute décision précédente liée à la détention. Il
poursuit en ajoutant quelques autres cinq raisons principales: «les
conditions pour un maintien en détention telles que prévues par les
articles 58 a et b n'étaient plus réunies; après avoir examiné et
évalué tous les éléments dans leur globalité et après les avoir mis en
perspective, la Chambre préliminaire a conclu que le maintien en
détention n'était plus nécessaire pour garantir la comparution;
l'accusé ne ferait plus obstacle à l'enquête et à la procédure devant
la Cour; il ne compromettra pas le déroulement du procès; il ne
poursuivra pas la commission du même crime ou l'un des crimes connexes
relevant de la compétence de la CPI et dans les mêmes circonstances que
dans la présente affaire». Mais tout le décor est planté pour la tenue
du procès. «Les juges de la CPI ont confirmé que Mr Bemba doit passer
en jugement pour répondre des accusations très graves qui ont été
retenues contre lui», a déclaré le Procureur. «Les victimes et les
témoins peuvent être assurés que le procès se tiendra dans un futur
proche et que la Cour continuera de garantir leur sécurité», a-t-il
rassuré. Bemba est accusé de meurtre, viol et pillage notamment, des
crimes de guerre et crimes contre l'humanité, selon Moreno. La date de
son procès n'a pas encore été fixée. Mais à l'issue des audiences de
confirmations de charges, rien de bien grave n'a été retenu: meurtre de
trois civils, trois cas de viol, quelques dizaines de cas de vol de
matelas et de téléphones portables. Et dire que ces faits n'ont été
commis que par la milice. «Bemba ne pourrait être condamné que pour
négligence», indique-t-on. Bien maigre pour que la Cour puisse le
condamner à une peine dépassant cinq ans, a-t-on entendu dire.
Source : africanews