Kamitatu pour remplacer Adolphe Muzito
Dans une déclaration politique faite samedi 19 septembre à Kinshasa,
l’Alliance pour le renouveau au Congo» (ARC), que dirige l'actuel
ministre du Plan Olivier Kamitatu Etsu, tire la sonnette d'alarme.
Cette formation politique exhorte Joseph Kabila à procéder à la
restructuration de ce cartel en faisant appel à des hommes et femmes
capables « d'apporter te changement qu’attendent les Congolais à deux
ans des prochaines échéances électorales».
« Dépuis que Jean-Pierre Bemba est absent de la scène politique
congolaise, l'Alliance de la majorité présidentielle est plongée dans
une sorte de torpeur». L'homme qui parle est un parlementaire
«indépendant» étiqueté néanmoins «AMP», ce carte qui regroupe Ses
partis et personnalités politiques ayant soutenu la candidature de
Joseph Kabila au second lourde l'élection présidentielle de 2006.
«L'AMP ressemble aujourd'hui a un panier â crabes. 1!n'existe aucun
esprit de groupe, encore moins une convergence au niveau des valeurs à
promouvoir. Chaque composante prêche pour sa chapelle lors des
meetings.»
L'ARC a manifestement décidé de dire tout haut ce que d'autres pensent
tout bas. Elle dénonce l'immobilisme ambiant qui semble caractériser la
«mouvance présidentielle». Une mouvance qui détient pourtant le
monopole du pouvoir et sur laquelle trône Lin des «hommes. de confiance
"du président» en l'occurrence le tout-puissant Augustin Katumba
Mwanke. Le parti de Kamitatu demande non seulement une
«restructuration» de l'AMP mais surtout «la nomination de nouveaux
dirigeants» pour booster cette plate-forme politique. Simple coup de
gueule ou «service commandé»?
Soutenir Kabila et privilégier l'intérêt général
Tout en réaffirmant «son soutien» à Joseph Kabila l’ARC dit sa volonté
« de privilégier» également «I intérêt supérieur de la nation et I
efficacité au détriment des alliances conjoncturelles.» Le parti de
Kamitatu a manifestement tout prévu. Il propose, en effet, de réformer
ce cartel «à. la lumière de l’évaluation des actions» réalisées par ses
soins depuis l'élection présidentielle à ce jour. Et de préciser que
«la désignation des nouveaux dirigeants devrait refléter le poids
politique réel de chaque formation politique.» Question : «Olivier»
serait-il candidat à la succession du Premier ministre Adolphe Muzito
qui semble depuis fin mai, assis sur un fauteuil éjectable ?
En tous cas, les propositions que formule ce parti ressemblent bien à
un «programme» de gouvernement. L'ARC, peut-on lire, «demande au
gouvernement de mettre un mécanisme efficace pour stabiliser le cadre
macroéconomique en vue de la relance de la production et l'amélioration
du climat des affaires et des investissements ». Quel paradoxe quand on
sait que cette formation politique occupe notamment le portefeuille du
«Plan» au sein de l'équipe Muzito ? Ce groupement entend sans doute se
démarquer - tardivement ? de l'échec annoncé. Aussi, recommande-t-il au
gouvernement de procéder notamment à l’assainissement des finances
publiques et la poursuite des efforts dans la mobilisation des recettes
de l'Etat, la réduction du recours au financement monétaire et
l'encadrement des biens de consommation». Et d inviter le gouvernement
Muzito a engager des actions d'envergure en vue de lutter efficacement
contre les anti-valeurs, le clientélisme politique, le népotisme et le
trafic d'influence qui gangrène l'administration et les entreprises de
l'Etat». Pour l'ARC, l'actuel «Premier» ne fait manifestement pas assez
pour que l'opération «Tolérance zéro» ne soit pas réduite «à une simple
entreprise de séduction» et devenir une occasion «de rendre effective
cette action de réhabilitation de la justice et de la morale sociale.»
L'ARC salue enfin les contrats signés avec des entreprises chinoises.
Pour elle, «l'accord-prêt chinois constitue les prémisses d'un
bouleversement positif dans l'ordre économique et politique imposé au
continent africain et une contribution essentielle à la reconstruction
de la RDC».
L'Alliance de la majorité présidentielle regroupe le parti présidentiel
(Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie) et plusieurs
formations et personnalités politiques ayant soutenu le
président-candidat Joseph Kabila au second tour de la présidentielle de
2006. Le Parti lumumbiste unifié (Palu) d'Antoine Gizenga et l'Union
des démocrates mobutistes (Udemo) de François-Joseph Nzanga Mobutu ont
rejoint le groupe en tant que «partenaires» Une manière d'affirmer un
souci d'égalité Aux termes de ce partenariat le poste de Premier
ministre revenait au Palu qui est la troisième force politique avec ses
34 députés. En janvier 2007, Gizenga a été nommé chef du gouvernement.
Selon certains " observateurs, le programme d'action présenté le 19
février 2007 par Gizenga ressemblait comme deux gouttes d'eau aux «Cinq
chantiers du chef de l'Etat» au lieu d'être le «programme commun» de
gouvernement reprenant les priorités des différentes composantes,.
«Nombreux sont les partis membres de i'AMP qui ne se reconnaissent pas
dans le programme du gouvernement», commente un député AMP. (...)