Poursuite du lobbying de la RDC auprès des partenaires financiers : après Istanbul, prochain rendez-vous Paris
Après la plaidoirie aux assemblées annuelles du Fmi et de la BM à
Istanbul pour obtenir des partenaires financiers leur appui au
Programme économique du gouvernement, PEG 2, la prochaine étape
annoncée de cette opération de lobbying est Paris avant l’ultime
rendez-vous de WashingtonBon
travail de lobbying que celui abattu par la délégation congolaise
dépêchée dans la capitale turque. Le ministre des Finances a certes
convaincu. Néanmoins, deux étapes l’attendent. La première à Paris avec
les créanciers traditionnels de la RDC, et la deuxième, à Washington
pour l’approbation en Conseil d’administration du Fmi d’un nouvel
accord avec la RDC.
Les rideaux sont tombés mercredi à Istanbul où se sont tenues, du 6 au
7 octobre 2009, les assemblées d’automne du Fonds monétaire
international (FMI) et de la Banque mondiale. Tous les pays membres de
ces deux institutions de Bretton Woods, dont la RDC, ont fait le
déplacement de la capitale turque pour débattre de grandes questions
économiques et financières du moment.
Comme en avril 2009 à Washington lors des assemblées de printemps, la
crise financière a été au centre des débats. A la seule différence qu’à
Istanbul, les grands argentiers du monde - ce genre de rencontres
réunissant dans la plupart des cas des ministres des Finances et
gouverneurs des banques centrales - ont étudié les moyens de consolider
les signes de reprise après la grande récession qui a succédé à la
crise financière internationale.
Pour de nombreux pays en développement, les assemblées annuelles du FMI
et de la Banque mondiale sont généralement une occasion d’approfondir
des discussions avec des partenaires au développement. La délégation
congolaise, conduite en Turquie par le ministre des Finances, Athanase
Matenda Kyelu, n’a pas dérogé à la règle.
Sur place à Istanbul, l’argentier congolais a multiplié les contacts,
plaidant en ces différents entretiens le cas de la RDC, pays
post-conflit qui peine depuis mars 2006 à rentrer formellement dans le
giron du FMI. Mais, le chemin pour y parvenir est escarpé et parsemé
d’embûches, les contrats chinois s’étant révélés être la plus
importante - ce partenariat public-privé d’un type nouveau négocié en
2007 entre l’Etat congolais et un consortium d’entreprises chinoises, à
savoir CREC, Sinohydro et Exxim Bank.
Le dernier verrou
Depuis lors, le FMI en a fait sa bête noire, imposant son réajustement
comme préalable incontournable à la conclusion de tout accord formel
avec la RDC. Même si, sur le terrain macro-économique, il reconnaissait
de progrès significatifs dans la mise en œuvre des réformes convenues
avec le gouvernement, ses experts sont restés intransigeants sur les
contrats chinois.
Après une brève résistance, la RDC a fini par céder. Tout récemment,
les experts du FMI, de passage à Kinshasa, ont réussi à obtenir des
amendements à ces contrats.
Comme s’il n’en suffisait pas, le FMI a, par la suite, renvoyé la RDC
vers ses créanciers traditionnels du Club de Paris. Car, dans le
dispositif d’allégement de la dette de la RDC, l’avis du Club de Paris
est indispensable, lui qui pèse près de 62% dans l’enveloppe totale de
la dette extérieure de la RDC. Or, conclure un accord formel avec la
RDC suppose relancer le processus de l’atteinte du point d’achèvement
de l’initiative PPTE. Ainsi, pour le FMI, le programme triennal à
conclure avec la RDC doit inévitablement, avant toute signature,
requérir l’avis favorable du Club de Paris. Sur ce point précis, ses
experts parlent d’« assurances financières » du Club de Paris.
Le travail de lobbying à Istanbul
Un travail de lobbying a été fait pour amener les partenaires
extérieurs à soutenir la cause de la RDC. Pays post-conflit et en
reconstruction, la RDC, a rappelé le ministre des Finances partout où
il est passé, espère bénéficier d’un traitement de faveur et de «
circonstances atténuantes ». Le FMI doit éviter d’être accusé un jour
de « non assistance à pays en danger », est-on tenté de dire. En
danger, la RDC l’est réellement. Car, chaque année le gouvernement doit
ponctionner des millions de dollars américains sur ses maigres recettes
en devises pour honorer les services de la dette.
Le gouverneur de la Banque centrale du Congo l’a si bien évoqué à
Istanbul lorsqu’il rappelait qu’à fin 2009, la RDC doit honorer un
service de près de 70 millions Usd. Or, si, dans l’entre-temps, elle
parvient à un accord formel avec le FMI, ce service pourrait être
réduit de moitié. Ainsi, les économies réalisées gonfleront l’enveloppe
des ressources PPTE destinées au financement des projets sociaux.
Est-ce que le Club de Paris adhérera à cette logique ? A Istanbul,
apprend-on de sources concordantes, une oreille attentive a été
accordée au plaidoyer de la délégation congolaise. C’est au Club de
Paris, comme au FMI, de faire le reste, en liant la parole à l’acte en
acceptant notamment d’assouplir les conditions pour le « cas social »
RDC.
Depuis sa conférence de Dar Es-salaam, le FMI avait promis d’assouplir
et de redimensionner ses procédures pour se rapprocher davantage des
pays pauvres qui ont plus que besoin de son aide. La RDC est de
ceux-là. Agir autrement, c’est condamner tout un peuple à la disette,
la RDC ayant déjà consenti d’énormes sacrifices depuis 2001 pour
satisfaire aux conditions souvent drastiques lui imposées par les
services du FMI ou de la Banque mondiale.
Le souvenir de mars 2009
En mars 2009 à Dar-es Salaam, le directeur général du FMI s’était posée
cette question : Comment le FMI peut-il aider l’Afrique face à ses
défis redoutables ? Entre autres réponses, il avait indiqué qu’ « en
tout premier lieu, il faut que nous agissions sans attendre pour
fournir aux pays membres africains les ressources financières dont ils
ont besoin. Il enchaînait en promettant de « rendre plus souples les
financements du FMI ».
« Il est question, notait-il, de relever les plafonds d’accès, qui sont
devenus de plus en plus contraignants. Nous nous efforçons aussi de
rationaliser la conditionnalité et de mieux l’adapter à la situation
particulière de chaque pays. Nous sommes en train de réexaminer nos
politiques concernant les plafonds d’endettement en vue de les
assouplir ».
La RDC ne demande pas mieux du FMI. Conclure un nouvel accord serait
déjà un grand pas dans le sens de la voie tracée en mars 2009 en
Tanzanie par Dominique Strauss-Kahn. Après le lobbying d’Istanbul,
l’avenir économique de la RDC se négociera entre Paris, avec le Club de
Paris, et Washington, dans le cadre du Conseil d’administration du FMI.
source : le Potentiel