Oscar Kashala annonce son retour
Une première de Congonews à ses lecteurs. Le président national de
l’UREC- union pour la reconstruction du Congo -Oscar Kashala, ne
s’était pas encore exprimé dans les médias depuis son retour outre
Atlantique aux lendemains des présidentielles de 2006. L’homme n’a
pourtant pas mis un terme à son combat politique. De l’étranger où il
se trouve, Oscar Kashala prépare son retour au pays. La rédaction de
«CONGONEWS» l’a joint au Canada où il s’est rendu pour procéder à
l’ouverture du siège de son parti. Interview.
Aux
lendemains des élections présidentielles, vous êtes parti sans pour
autant vous prononcer sur votre retour. A quand votre retour ?
Nous avons promis que nous serons bientôt en RD Congo. Les signes et
l’effervescence constatés ces jours au pays sont de nature à confirmer
notre retour imminent. Bien sûr que le président National de l’UREC est
effectivement en route vers la RD Congo. Nous venons nous installer
définitivement au pays car le devoir républicain nous y invite. Il n’y
a point de doute là-dessus.
Les élections locales sont signalées à l’horizon 2010. Est- ce que l’UREC va les affronter?
Connaissez-vous déjà le calendrier électoral pour prédire ou confirmer
que les élections locales auront bel et bien lieu en 2010 ? Y’a-t-il
réellement de volonté politique dans le chef du Gouvernement pour
organiser ces élections ? Pour vous apaiser, l’UREC est prête pour
affronter et gagner les différentes échéances électorales qui pointent
tant à l’horizon 2010 qu’en 2011 ; même si les conditions matérielles
et juridiques de leur organisation ne sont pas encore réunies et ne
nous rassurent pas encore totalement.
Et les élections générales en 2011. L’UREC nourrit des ambitions de se présenter malgré ce qu’elle a connu en 2006 ?
Nous ne cessons de le répéter ces derniers temps, l’UREC présentera des
candidats à tous les niveaux des élections prévues en 2011, même aux
présidentielles. Croyez-moi et soyez rassurés que nous travaillions
durement pour les gagner. Ça sera une victoire de la maturité du peuple
r-dcongolais.
Quelle lecture faites-vous de la gestion de la chose publique au pays ?
La question est très vaste et englobe autant de domaines qu’il faut des
livres entiers pour y répondre d’une manière complète et satisfaisante.
Néanmoins, je peux résumer ma réponse comme suit : Kabila et son
gouvernement se sont engagés à agir au travers d’un plan de
reconstruction du pays aux lendemains de leur investiture. Ce plan
s’est principalement axé sur l’amélioration des conditions de vie de la
population, la restauration de l’autorité de l’Etat, la réforme du
fonctionnement de notre justice, de nos forces armées, des services de
police, de renseignement.
Mais les chantiers sont en marche ?
3 ans après l’investiture de Joseph Kabila, tous les indicateurs
socio-économiques et politiques sont au rouge. Je tiens à préciser que
Kabila a reconnu son échec lorsqu’il a déclaré qu’il n’a toujours pas
15 personnes autour de lui pour faire avancer son agenda. La
Constitution du 18 février 2006 a assigné aux institutions de la
Troisième République un certain nombre d’objectifs : «1° assurer le
fonctionnement harmonieux des institutions de l’Etat ; 2° éviter les
confits ; 3° instaurer un Etat de droit ; 4° lutter contre toute
tentative de dérive dictatoriale ; 5° garantir la bonne gouvernance ;
6° lutter contre l’impunité ; 7° assurer l’alternance démocratique ».
Pouvez-vous soutenir que les institutions de la République ne fonctionnent pas de manière harmonieuse ?
Certains exemples sont édifiants à ce sujet. Qu’on se souvienne de
l’épopée du Président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe,
contraint à la démission pour avoir fait une déclaration jugée
inopportune par le Président de la République, et des autres membres du
Bureau de l’Assemblée nationale, poussés à la démission, alors qu’aucun
manquement ne leur était reproché. On n’est pas très loin de la raison
du plus fort. Le dysfonctionnement des institutions a atteint son
paroxysme. La RD Congo est le seul pays au monde où le Chef de l’Etat
signe, sans s’en apercevoir, des ordonnances reprenant des noms de ses
ministres comme fonctionnaires. Le pouvoir judiciaire a payé un lourd
tribut du dysfonctionnement des institutions dû à la dérive
dictatoriale. Des magistrats ont été nommés, promus, révoqués ou
retraités sans avis du Conseil supérieur de la magistrature, au motif
qu’il était impossible de le réunir. Les promotions ont été opérées
sans respect des critères d’ancienneté et de cotation. Clientélisme
ethnique ou politique. Le cas le plus fagrant est celui d’un jeune
magistrat promu à la fonction la plus élevée dans la magistrature au
détriment de ses collègues détenant une ancienneté de plus de quinze
ans. Quid des magistrats révoqués sans avoir fait l’objet de poursuites
disciplinaires devant le Conseil supérieur de la magistrature. Ces
révocations collectives ont été décidées au mépris du principe de «
l’individualité de la responsabilité disciplinaire ». On n’est pas très
loin de « la tentative de dérive dictatoriale » contre laquelle il faut
lutter, ainsi que l’exige la Constitution.
En vous entendre parler, sur le plan économique rien n’avance également ?
Le rapport «Doing Business 2010» de la Banque Mondiale paru le
18/09/2009 est très éloquent sur les résultats de la gouvernance de
Joseph Kabila. La RD Congo, notre riche pays, occupe l’avant dernière
place, soit la 182ème avant la République Centrafricaine. Un constat
d’échec sur toute la ligne pour Kabila, son Gouvernement et le
Parlement, qui ne se sont pas dotés des lois nécessaires à
l’amélioration du climat des affaires. La bureaucratie, les
tracasseries administratives, la corruption et d’autres antivaleurs
s’installent confortablement au sommet de l’Etat et empêchent un afflux
massif des investisseurs étrangers au pays. Tenez encore, lorsqu’ils
sont installés au pouvoir en 2006, la monnaie était cotée pour 1$ = 436
à 450 Francs congolais. Aujourd’hui, elle s’échange au taux de 875 à
900 francs pour un dollar. La dévaluation est passée du simple au
double, soit 200 %. L’effet d’entraînement de tous ces facteurs fait
que le pouvoir (inexistant) d’achat du congolais varie autour du seuil
de pauvreté. Que peuvent-ils promettre encore. Les éléments sus évoqués
sont assez édifiants, à moins d’être un aveugle, pour se rendre compte
que les détenteurs du pouvoir en RDC ont largement failli à leur
mandat, transformant le maigre espoir suscité au lendemain des
élections en un cauchemar digne d’un film de Woody Allen.
Qu’est-ce que l’UREC propose comme alternative ?
Nous, au sein de l’UREC, nous basons notre action politique autour des
valeurs telles que l’excellence, la responsabilité, la recherche
constante du bien être collectif du Congolais et de l’intérêt général
du pays par la moralisation de l’action publique. Ce, par
l’instauration d’un leadership de savoir-faire et de savoir être. Ces
valeurs ne peuvent naturellement qu’être compatibles avec un
environnement politique où règnent à la fois Démocratie Politique,
Démocratie Economique, Démocratie Sociale et Culturelle ; et Etat de
droit. Rien que la lutte effective et non des slogans contre la
corruption, l’impunité, la gabegie financière et la moralisation de
l’action publique, constituent des préalables pour créer un
environnement psychologique permettant le redressement de la RDC.
De Gizenga à Muzito, le budget gravite autour de 5 milliards USD en
ressources propres. Est-ce que la RD Congo peut réunir plus que ce
montant ?
Tout a fait. Ce pays est capable de produire plus que cinq milliards
des recettes pour l’Etat. D’abord, pourquoi le Gouvernement ne
réussit-il pas à boucler un budget de cinq milliards. C’est simple. Il
y a trop de prélèvements illégaux et irréguliers à la source de la part
des autorités et de leurs protégés. Ensuite, il y a un laxisme et une
opacité dans la gestion des ressources. Enfin, le Gouvernement semble
se focaliser sur quelques trois ou quatre ressources, et laisse tomber
toutes les autres. La RDC n’est pas un pays qui devrait avoir un budget
de cinq milliards comme le Gabon qui a un peu plus d’un million
d’habitant. Sachez que le rôle primordial d’un Etat est celui de
percevoir l’impôt pour son peuple. L’Etat congolais n’y arrive pas.
Cela est très regrettable. Cet aveu d’impuissance a été clairement
exprimé dans les récents discours des présidents du Sénat et de
l’Assemblée nationale lors d’ouvertures de la session de septembre 2009
du Parlement. Mr. Léon Kengo wa Dondo a fait une autopsie du budget
2008-2009 en indiquant pour illustration que le taux d’inflation prévue
à 11,5% atteindra 31,2% en décembre 2009. Tout en poursuivant que,
jusqu’à ce jour, l’Etat n’a pas encore pu réaliser la moitié des
prévisions des recettes. Pourtant les dépenses engagées dépassent les
recettes. Un tableau sombre qui n’est pas seulement lié à la crise
financière mondiale, mais aussi à d’autres facteurs internes.
Lesquels ?
Comme la gestion de la chose publique. Doit-on encore se permettre de
faire confiance à ces prédateurs installés au sommet de l’Etat et
grassement servis par l’argent du contribuable et du patrimoine
national congolais ?
A votre avis, est-ce que l’Est de la République demeure toujours un Far
West en dépit des accords signés entre le gouvernement et les
belligérants ?
Concernant ma lecture sur les alliances conclues entre les FARDC, les
Forces armées rwandaises et ougandaises, je me dois à la vérité de dire
que l’opacité qui entoure les accords conclus n’en facilite pas une
analyse objective.
Comment ?
L’incapacité des tenants du pouvoir actuel à instaurer la paix et
restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national
est une évidence. La crise sécuritaire à l’Est de la RD Congo est une
situation préoccupante et constitue une question qui doit être analysée
de façon dépassionnée.
Comment l’UREC a perçu l’invitation des armées étrangères pour combattre les forces négatives ?
Pour nous, le fait que les autorités congolaises aient officiellement
invité les armées étrangères à venir opérer sur notre territoire
constitue déjà en soi une preuve de leur incapacité, de leur
incompétence criante et leur impuissance à assumer pleinement leurs
missions régaliennes sur l’ensemble de notre territoire national. On
craint qu’une bonne partie de milices existantes n’ait de contreparties
à Kinshasa. Ensuite, il y a lieu de relever que certains individus et
ou institutions tirent bénéfice de l’instabilité dans ces territoires.
C’est à ce niveau que l’UREC situe le jeu des alliances conclues entre
la RDC et les autorités rwandaises et ougandaises.
Source : CongoNews