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VIGILANCE RDC
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19 octobre 2009

Remaniement : indisciplinés sur sièges éjectables

piusLa motion incidentielle surprise de l’élu PPRD du Mont Amba qui a trouvé la faille et arrêté net le rouleau compresseur Kanku, annonce un profond tsunami. La coalition majoritaire avait trouvé bien de failles dans la motion Kanku et préparé sept cartouches -motions- pour le contrecarrer

Plus de peur que de mal. Adolphe Muzito et son gouvernement ont été épargnés du laborieux exercice requis pour sortir sans égratignure à la suite d’une motion de défiance. D’aucuns diraient qu’il a été sauvé de justesse et d’autres regrettent qu’ont ait pas laissé le temps au Premier ministre de démolir les accusations portées contre lui. Qu’à cela ne tienne, la mauvaise interprétation de certaines dispositions du règlement intérieur et de la Constitution a donné la faille, ouvert la brèche à la Majorité qui a pu sauver Muzito. Le décor était pourtant planté pour la chaude confrontation Kanku-Muzito. La salle du congrès était pleine à craquer. Il y avait la tension. Les militants du PALU étaient venus nombreux soutenir leur camarade du parti, pressenti dauphin de leur dieu, Antoine Gizenga. Samedi 17 octobre 2009 quand la parole est donnée à l’auteur de la motion de défiance, Clément Kanku, c’est la surprise, l’inattendue. Le député PPRD du Mont Amba, Pius Muabilu Mbayo Mukala, demande la parole pour lever sa motion incidentielle. Boshab réplique et lui demande un peu de tolérance, juste le temps que Kanku expose sa motion qui accuse Muzito d’immobilisme et de mégestion des finances publiques. A peine Kanku avait fini de parler, en Français et Lingala, dénonçant le Kanyaka -la corruption-, Muabilu, prend la parole, à son tour. Il sort l’arme fatale, l’une des 7 cartouches soigneusement préparées durant des jours, à l’Hôtel Memling, puis dans un autre Palace de la capitale RD-congolaise, par des députés de la Majorité soucieux de son unité. La demande de rejet de Jean-Pierre Lisanga et Thomas Luhaka, pour le compte de l’opposition, n’y a rien fait. Deux autres députés de la Majorité, Vital Budu et Bonyoma, appuient Muabilu. La guerre d’interprétation des textes fait rage. Ni le Bureau, ni la conférence des présidents ne peuvent se substituer à la plénière qui, elle, est souveraine, tranche Boshab. Muabilu a fait mouche. Le vote est sans appel: 327 pour, 69 contre, 44 abstentions. La Majorité a retrouvé sa cohésion. Derrière le député se cache l’ombre de Joseph Kabila, le chef du PPRD, autorité morale de l’AMP, le chef de la Majorité. Kabila a envoyé un signal fort à la classe politique. Il est respectueux de la parole. Il a sauvé l’accord. Tout l’accord. Rien que l’accord… et son Premier ministre. La tempête passée, le cap est désormais mis sur le remaniement. Film.

Clément Kanku se souviendra encore longtemps du démineur Pius Muabilu, ce député PPRD, son frère kasaïen, qui a bloqué net le rouleau compresseur qu’il avait mis en marche contre le Premier ministre Adolphe Muzito. Kanku ne l’aurait pas emporté de toutes les façons. La coalition, signale-t-on des sources sûres, avait trouvé bien des failles dans sa motion et préparé sept cartouches -motions- pour le contrecarrer. Une façon de dire qu’au cas où la motion Muabilu avait trébuché, 6 autres seraient venues à son secours. La victoire de la majorité sur l’opposition est une preuve que Kabila tient au respect des accords. Mais aussi que Kabila peut tout décider. Un jour pas comme les autres. La pluie, qualifiée de bénédiction, s’abattait sur la ville de Kinshasa. L’assistance et les députés l’ont bravée. Les gens ont rempli la salle du congrès du Palais du peule en tenues mouillées. Le cœur de certains battait du fait que l’événement était de taille et que la survie ou la chute du gouvernement Muzito en dépendaient. Le décor était bien planté quand Boshab, speaker de la chambre basse du Parlement, rappelle les dispositions du règlement intérieur en rapport avec l’assistance, la recevabilité de la motion de défiance, le débat général et le vote de ladite motion. Il annonce aussi la procédure à suivre et indique qu’il y aura 300 minutes de débat, soit cinq heures de temps en tenant compte de la répartition faite suivant les groupes parlementaires. La réplique du Premier ministre allait suivre avant de passer au vote.

La parole est donnée à l’auteur de la motion de défiance, Clément Kanku Bukasa wa Tshibuabua. Du coup, surprise. Pius Muabilu, député PPRD, demande la parole pour lever sa motion incidentielle. Boshab lui demande de garder sa patience, juste le temps que son collègue expose sa motion de défiance. Clément Kanku fait une mise au point avant de livrer le contenu de sa motion. Il accuse Muzito d’immobilisme et de mégestion des finances publiques. En Lingala, l’opposant fustige la pratique de Kanyaka -la corruption. Kanku demande à la plénière de voter en faveur de sa motion afin que le Premier ministre puisse rendre le tablier. Avant de passer au débat, la parole est accordée à Pius Muabilu pour sa motion incidentielle. Le député PPRD a préparé l’arme fatale. Une cartouche qui, une fois lâchée, pulvérise l’opposition et neutralise la motion de Kanku. Ce dernier se plaindra plus tard d’être victime d’une cabale. De sources sûres, il nous revient que cette motion a été mitonnée par des députés PPRD soucieux de l’image de Kabila et de la cohésion de la Majorité, une semaine avant, à partir de l’Hôtel Memling où ils se réunissaient alternant avec un autre Palace de la place. «En dehors de la motion de Pius Muabilu, il y en avait six autres de la même calibre», précisent les mêmes sources. Comme pour dire que la coalition AMP-PALU-UDEMO s’était bien préparée pour faire échec aux ambitions de l’opposition.

Quand Muabilu monte à la tribune, il fait savoir que sa motion incidentielle fait suite à celle de défiance. Il se base sur les articles 67 et 70 du RI de l’Assemblée nationale et 196 de la Constitution. Du coup, l’élu de Mont Amba renverse les tendances et balaie le contenu de la matière du jour. Cela s’appelle la remise en question. Ça fait mal.

«Au regard du statut constitutionnel du Premier ministre, la motion de défiance levée par notre collègue Kanku viole l’article 144, alinéa 2 de notre Constitution, elle est entachée des irrégularités et doit être rejetée par notre plénière», plaide-il. En rapport avec l’article 69 du RI de l’Assemblée nationale, cette motion doit être traitée avant toute autre matière. Boshab la soumet au débat. Quatre interventions sont enregistrées, deux pour et deux contre.

      Remaniement en trombe

Lisanga Bonganga et Thomas Luhaka, tous de l’opposition, sont contre la motion incidentielle. Lisanga fait savoir que le Premier ministre est membre du gouvernement conformément à l’article 69 de la Constitution. Il évoque la correspondance du président Boshab adressée à Kanku le félicitant pour sa motion que le Bureau et la Conférence de présidents ont jugée recevable sur le fond et la forme. Thomas Luhaka embraye dans le même sens en indiquant qu’on ne peut pas faire un distinguo entre le Premier ministre et les autres membres de son gouvernement, ajoutant que Muzito qui avait demandé le report du débat suite au décès du ministre André-Philippe Futa, était finalement prêt. Pius Muabilu reçoit du soutien. Vital Budu et Bonyoma prouvent le contraire de ce que Lisanga et Luhaka ont affirmé. Ils démontrent que conformément à l’article 51 du RI et 147 de la Constitution, il y a tricherie dans la motion de défiance quant aux conséquences y relatives. Ladite motion ne viserait pas la personne de Muzito mais tout son gouvernement. «Le Premier ministre a une autre qualité. Il est nommé par un acte juridique seul et contresigne avec le président de la République l’acte juridique qui nomme les autres membres du gouvernement», fait remarquer Bonyoma en précisant que le Premier ministre ne peut être sanctionné que par une motion de censure et non celle de défiance. Les députés de la Majorité montés à la tribune proposent à l’auteur de la motion d’aller reformuler sa requête en la transformant en motion de défiance pour chaque ministre concerné et en celle de censure pour le Premier ministre. Ce n’est pas pour demain. La motion de censure doit recueillir 125 signatures pour être jugée recevable et doit être examinée par les deux chambres réunies en Congrès. C’est l’argument massue de Pius Muabilu. Comme pour dire qu’on ne peut pas renverser un Premier ministre si facilement. Ça serait consacrer l’instabilité politique et la fragilisation du gouvernement. Précision de taille, la motion de défiance ne requiert que 10% des membres qui composent la chambre basse du Parlement, soit 50 signatures.

        L’équation se complique pour l’opposition et la guerre d’interprétation fait rage.

Boshab, quant à lui, décline toute responsabilité en faisant savoir qu’il s’agisse du Bureau de l’Assemblée nationale que de la Conférence des présidents, l’organe de prise de décision reste la plénière qui est souveraine. De ce fait, il soumet la motion incidentielle au vote. Muabilu fait mouche. Le vote est sans appel: 327 pour, 69 contre, 44 abstentions. La Majorité a retrouvé sa cohésion. «Par voie de conséquence, déclare Evariste Boshab, l’Assemblée nationale adopte la motion incidentielle de Pius Muabilu et rejette la motion initiale de Clément Kanku pour n’avoir pas rempli les conditions requises». N’ayant aucune autre matière à traiter, Boshab congédie les membres du gouvernement et suspend la plénière. Dans le camp de la coalition, c’est l’allégresse. Derrière le député se cache l’ombre de Joseph Kabila, le chef du PPRD, autorité morale de l’AMP, le chef de la Majorité. Kabila a envoyé un signal fort à la classe politique. Il est respectueux de la parole. Il a sauvé l’accord. Tout l’accord. Rien que l’accord… et donc son Premier ministre. La tempête est passée. En deux sorties, Muzito a pu passer son budget et se tirer des griffes de Kanku, grâce à l’appui des siens. Le cap est désormais mis sur le remaniement. Et on fait état d’un profond tsunami. Des bouleversements de taille sont annoncés. Les premiers vont concerner des alliés et des ministres indisciplinés. L’autre vague, la deuxième, va toucher des cadres à la présidence de la République, indexés pour compromission. La troisième va nettoyer la chaîne financière, Kabila étant déterminé à ne pas rater le rendez-vous du Point d’achèvement.

Source : Africa News
                                                                      

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F
A gauche toute et à fond les manettes.
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