Situation sécuritaire du pays : l'Etat-Major Général des Fardc secoué !
L'Est
de la République démocratique du Congo, particulièrement les provinces
du Nord et Sud-Kivu ou de l'Ituri, est toujours en proie à des
problèmes d'ordre sécuritaire. Il ne se passe pas des jours sans qu'on
apprenne que des forces négatives, notamment celles des Fdlr, des
milices ituriennes ou encore des résidus de la LRA, ont brûlé des
maisons, attaqué des positions de l'armée régulière, emporté des
otages, commis des exactions. Causant ainsi des déplacements des
populations dans des zones entières.
Pourtant, ce n'est pas parce que la RDC manque d'éléments valables pour
défendre l'intégrité de son territoire national. En effet, avec une
armée « jeune », formée d'éléments disparates, résidus des rébellions,
des forces loyalistes, des résistants, des miliciens et qui se trouve
en pleine crise de croissance, l'obligation des résultats sur le
terrain constitue un des obstacles majeurs à surmonter vis-à-vis de
l'opinion.
D'autant plus que dans les régions où sévit encore plus l'insécurité,
les Farde sont en butte à des problèmes récurrents qui minent leur
action défensive et diminuent l'impact de leur volonté de pacifier
vraiment le territoire national.
Au nombre de ces problèmes, figurent notamment (ne nous cachons pas la
tête comme des autruches sous le sable devant certaines réalités
déplaisantes qui démotivent les Farde et dont la hiérarchie devrait
prioritairement tenir compte) l'indiscipline et surtout le problème
récurrent du détournement de la solde des militaires au front.
Deux éléments à la base des abus observés au sein des Farde et que des
organismes tant internationaux que nationaux stigmatisent dans leurs
rapports.
Ainsi, souvent, les pillages, exactions et autres crimes de guerre
déplorés de la part des militaires des Farde ne sont consécutifs qu'à
ces prémisses. Pourtant, même les observateurs les plus critiques de la
situation sécuritaire du pays à l'Est ou en Ituri, sont unanimes à
reconnaître la bravoure de ces fils du pays qui paient le prix le plus
fort pour la défense du pays.
Les députés nationaux du Nord-kivu s'en mêlent
Devant la situation toujours préoccupante de la « drôle de guerre » qui
persiste au Nord-Kivu, menée principalement par les Fdlr et même par
certaines milices « désabusées » qui se tournent curieusement contre
leurs compatriotes, les députés nationaux de ce coin de la République
ont réagi. Ils estiment qu'il est plus que temps que la discipline dans
l'armée régulière reprenne droit de cité, car, selon plusieurs sources,
les Farde ne seraient pas totalement absentes de certaines conduites
déplorables constatées dans les zones qu'elles contrôlent. Pour les
causes déjà déplorées, dont, il faut le souligner, le détournement de
leurs soldes. Qui les obligent à se retourner contre la population
civile ou parfois à se transformer en coupeurs de routes, sous le
couvert de l'identité Fdlr. Des témoignages en font foi.
On ne saurait pas donner complètement donner tort aux hommes de troupe
des Farde dont la bravoure n'est plus à démontrer, quand on constate
qu'une certaine hiérarchie, en dehors de l'Etat-Major Général qui ne
ménage aucun effort, se fait une toute autre idée de la pacification du
pays. Planqués dans des bureaux climatisés, des hauts gradés de la
Grande Muette, derrière leurs bureaux cossus ne concoctent pas des
plans de guerre pour en finir avec les Interhamwe, Fdlr, milices
ituriennes ou rebelles ougandais de Joseph Kony, mais plutôt des
stratégies pour leur « business ». Ainsi, et c'est un secret de
polichinelle, des hauts' gradés de l'Armée se retrouvent curieusement «
sponsors », « mécènes », déclarants en douane ou entrepreneurs ! Des
sources rapportent que lors de la dernière crise de ciment, ils ont été
, de connivence avec certains de leurs homologues brazzavillois, au
centre d'un négoce fructueux de cette matière stratégique pour la
constructin entre les deux rives du fleuve Congo !
La Monuc plie bagage
Jusqu'ici, les Farde, à un certain niveau, et la population des
territoires où sévit le plus l'insécurité, se sont reposés sur l'appui
de la Monuc. Mais, hélas, la voilà qui plie bagage. Dans l'opinion, le
départ de cette force de maintien, bien que décriée parfois pour sa
passivité dans le passé, est perçu comme un désastre. Car, elle a su
depuis un certain s'impliquer sur le terrain militaire. On rappellera
ici son appui logistique lors des opérations Kimia I et II, la
sécurisation des populations civiles dans les zones confrontées aux
incursions des forces négatives de toutes sortes.
Avec un effectif de près de vingt mille hommes, dont dix-sept mille
militaires, un budget de plus d'un milliard de dollars américains par
an, elle est l'une des plu importantes missions onusiennes de paix dans
le monde. Après dix ans de présence en République démocratique du
Congo, les bailleurs des fonds (dont les Etats-Unis assumant 40% des
charges) estiment que la Monuc ne peut plus proroger sa mission et au
bout de sept mois, selon les estimations, elle aura quitté le
territoire congolais.
Qu'en sera-t-il des Farde dont la réforme réelle n'est qu'à ses
balbutiements ? En effet, à l'heure actuelle, l'armée congolaise n'est
pas complètement en mesure de relever avec réussite les défis de la
paix, de la stabilité, du développement.
Tout comme la Police, qui se débat encore dans les chicanes de
son identification et de sa restructuration.
Les opérations de brassage, de mixage de l'armée tout comme de la
Police n'ont -elles pas démontré leurs failles ? La preuve n'en
est-elle pas que les Fdlr, les milices de tous bords, les
pseudo-patriotes résistants Maïmaï devenus des coupeurs de routes
continuent à défier l'autorité établie de l'Etat ? Tant dans le
Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l'Ituri et actuellement à l'Equateur ? A Dongo
précisément !
De l'huile sur le feu
Comme si cela ne suffisait pas pour aggraver la situation sécuritaire
précaire de la République démocratique du Congo, un autre problème et
non des moindres s'invite au débat : celui de Bosco Ntanganda, l'ancien
bras droit de Laurent Nkundabatware. Curieusement, ce sont les
Etats-Unis, pays qui n'a jamais ratifié le traité de Rome, qui lancent
le ton en jetant de l'huile sur le feu. Ils estiment -de quel droit que
et ancien rebelle rallié aux thèses de la pacification de l'Est soit
livré à la Cour Pénale Internationale. C'est leur conseiller spécial
pour la région des Grands Lacs, Howard Holpe, qui a jeté le pavé dans
la mare à Johannesburg ce lundi, en déclarant notamment que « les
Etats-Unis vont faire pression sur le gouvernement (congolais) pour
qu'il autorise le transfert de Bosco Ntanganda à la Cour Pénale
Internationale ». Il n'est pas le seul à penser de la même façon
J'Union européenne fait chorus.
On veut bien que ces partenaires incontournables pour le développement
de la RDC réclament à cor et à cris l'arrestation et le transfert de
Ntanganda à la Cour Pénale Internationale, mais encore faut-il qu'ils
soient prêts à assumer les conséquences qu'une telle décision
engendreraient. Car, l'ancien homme fort du Cndp, à coup sûr, devant
pareille menace risque de basculer de nouveau dans la rébellion, ne
fût-ce que pour« survivre ».
Curieusement, cette exigence des Etats-Unis intervient à quelques
encablures de la signature d'un nouveau programme économique avec le
FMI, après évidemment la rencontre des bailleurs des fonds avec la Club
de Paris. Ce n'est pas une coïncidence !
Somme toute, la RDC, et principalement son armée, ne sont pas en mesure
de répondre favorablement à ce qui constitue actuellement un chantage.
En effet, tiraillées entre les Fdlr, la Lra et même les incursions
fréquentes de l'armée angolaise dans le Bas Congo, les Farde subissent
aujourd'hui les secousses les plus vives de leur jeune existence.
Source : le Palmarès/Kinshasa