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VIGILANCE RDC
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19 février 2009

Le cri d’alarme de JC. Masangu

ArgentLe gouverneur de la Banque centrale du Congo, Jean-Claude Masangu Mulongo, est sorti de sa torpeur. La situation économique de la RDC est préoccupante : les finances publiques explosent, les réserves en devises s’effritent, la croissance périclite, la dépréciation de la monnaie entraîne les prix à la hausse. Le tableau est sombre, mais Masangu pense qu’il n’y a pas lieu de désespérer. A la seule condition qu’en fin février 2009 les 200 millions Usd de soutien à la balance des paiements promis par le FMI et la relance en mars prochain des négociations pour un nouvel accord formel puissent avoir lieu. En attendant, il vient de tirer la sonnette d’alarme.

Il y a longtemps que l’on voulait le voir à l’œuvre pour recadrer les choses sur le terrain, lui qui assume, au regard de son statut, le rôle de conseiller économique et monétaire du gouvernement. Hier mercredi, le gouverneur de la Banque centrale du Congo, Jean-Claude Masangu Mulongo – c’est de lui qu’il s’agit – a fini par priser le prisme, se frottant au cours d’un point de presse aux questions des journalistes. Tout le monde, en ce compris le gouvernement, s’est exprimé sur le sujet, sans que, pour autant, la Banque centrale, autorité monétaire de la RDC, ne livre son point de vue. De la surchauffe sur le marché des changes à la crise financière internationale, la BCC était jusque-là de marbre.

Mercredi 18 février 2009, le suspense a été enfin levé dans la salle de réunions de la BCC. Devant la presse, le gouverneur de la BCC a recadré les choses. Cri d’alarme pour le sauvetage d’une économie en dérive. « La Banque centrale garde toujours le cap sur sa mission première : la stabilité des prix intérieurs ». Seule, cependant, la Banque centrale est inapte à toute action de grande portée économique. Il y a donc lieu de la soutenir. Ce soutien passe, entre autres, par son indépendance et sa recapitalisation, a-t-il fait remarquer. « Si nous demandons la recapitalisation (Ndlr : le capital de la BCC se chiffre à 60 Fc), c’est pour faire mieux ».

Du tableau présenté par le gouverneur, il ressort nettement que la situation économique, financière et monétaire de la RDC est bien plus grave qu’on ne le croyait. Déjà au niveau des prévisions de croissance pour l’année 2009 se ressent ce vent de récession.

Et, Jean-Claude Masangu ne s’est pas caché de le dire : « Après avoir renoué avec la croissance depuis 2002, l’économie de la République démocratique du Congo, au regard des données disponibles sur l’activité, serait entrée en récession depuis le deuxième semestre 2008 ».

Regard tourné vers l’extérieur

Cette situation « préoccupante », a-t-il déclaré, s’est traduite notamment par la baisse de la production nationale s’accompagnant d’une forte inflation expliquée par le financement monétaire. Bien plus, le gouverneur de la BCC craint le risque de persistance du recul de l’activité d’ici la fin du 1er semestre 2009, avant une reprise éventuelle au 2ème semestre. Si les équilibres ne se rétablissent pas sur le plan interne, Masangu a fait valoir la nécessité de parer au plus pressé.

Mais, comment y parvenir dans un contexte d’assèchement des réserves en devises de la RDC. Selon les dernières statistiques disponibles, les réserves internationales de la RDC se situeraient sous la barre de 50 millions Usd, 36 millions de USD, à en croire des sources concordantes, soit à peine un (1) jour d’importation.

Apparemment, pour le gouverneur de la BCC, le salut passe inéluctablement par un soutien financier des partenaires extérieurs, éventuellement la reprise des négociations en vue de la conclusion d’un nouveau programme économique du gouvernement, le second après celui arrêté brutalement en mars 2006.

A première vue, c’est vers le Fonds monétaire international que s’est tourné le regard du gouvernement. Car, « l’état des comptes extérieurs (de la RDC) est sérieusement affecté par la crise financière ». Du Fmi, le gouvernement attend un apport de 200 millions Usd de soutien à la balance des paiements, prévu dans le cadre de la Facilité pour la protection contre les chocs exogènes.

De même aussi, de la Banque mondiale, 100 millions Usd, promis presque dans le même cadre pour parvenir à faire face à la crise financière par la reconstitution du niveau des réserves en devises à la suite de la chute des cours des produits miniers. Mais, comment accéder à ces fonds sans se soumettre à certaines conditions ?

Sur ce point, le FMI a subordonné son apport exceptionnellement à la réalisation de deux conditions majeures. La première : l’audit du compte général du Trésor, logé à la BCC. Audit – le 127ème en 11 ans de gestion sous Masangu - dont le rapport final devait déjà être transmis à la direction générale du FMI à Washington.

Mais là aussi, la RDC est confrontée à un sérieux handicap. Finira-t-il par peser sur les conclusions de cet audit. Suspense ! Toujours est-il qu’à la fin 2008, le compte général du Trésor a affiché un déficit impressionnant, financé, a dit le Masangu, par des avances de la BCC.

Néanmoins, au-delà de ce travail d’audit de la BCC, tout devait aussi se jouer sur les possibles ajustements – le FMI s’est montré intransigeant sur le sujet – des contrats chinois. Tout achopperait-il à ce niveau ? Jean-Claude Masangu minimise : « La question est plus politique. Mais, on tend déjà vers une décision qui va conforter les différentes parties. Vous en serez informés d’ici là ».

Pas de conversion des comptes RME

Si en 2008, le secteur bancaire a semblé sortir indemne de la crise financière internationale, il ne devait pas en être le cas en 2009, a révélé le gouverneur de la BCC.

Concomitamment à la difficulté pour le gouvernement de reconstituer ses réserves en devises, des bruits ont fait état de la conversion obligatoire par les banques – par décision d’Etat - de leurs dépôts en monnaies étrangères en francs congolais. Faux, a dit le gouverneur de la Banque centrale du Congo : « Je voudrais, à cet égard, rassurer tous les détenteurs des comptes en devises qu’aucune modification allant dans le sens de les convertir en francs congolais ne sera apportée ni au décret-loi n°004/2001 du 31 janvier 2001, portant circulation concomitante du franc congolais et des monnaies étrangères, ni à la réglementation du change édictée le 13 février 2003 et qui consacre la liberté dans la détention et le dénouement des transactions en devises sur toute l’étendue du territoire national ».

Dans une situation de pénurie des devises, les comptes RME pourraient bien aider la RDC à réconforter son compte extérieur. Mais, foi de Masangu, il n’en sera pas le cas même si ces comptes RME, soit plus ou moins 90% des dépôts en devises, se chiffrent à ce jour à 1,170 milliard Usd., dont 80% ont servi à l’octroi des crédits à l’économie. La profession bancaire peut donc dormir sur ses lauriers, l’autorité monétaire continuant à veiller sur son dynamisme.

Des jours meilleurs sont certes possibles pour l’économie congolaise. Mais, la relance passe par une meilleure coordination des efforts, la bonne gouvernance, l’orthodoxie financière pour envisager l’avenir avec sérénité.

Source : le Potentiel/kinshasa

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