Lutte contre la vente d'alcool de fabrication locale «supu na tolo»

Une lutte est engagée depuis le lundi 23 février 2009 dans la commune de Ngaliema contre la vente de d'alcool de fabrication locale mises en sachet et en bouteille, communément appelée «supu na tolo».

Cette appellation est tirée du cri en lingala - une des quatre langues nationales de la République démocratique du Congo - lancé par un des artistes musiciens de la capitale. Lequel a été récupéré par les jeunes kinois pour désigner cette liqueur.

Un groupe d’éléments de la Police nationale congolaise (PNC) a été mis à contribution pour accomplir cette opération. Sa présence était très remarquée sur l’avenue Nsuala, au quartier Mfinda (Binza-Ozone), qui connaît, le jour comme la nuit, une affluence nombreuse de personnes. On peut également y trouver et ce, dans pratiquement chaque parcelle de cette avenue, soit une échoppe, soit un magasin, soit encore un débit de boissons. C’est sans doute cela qui a milité pour le choix, par la hiérarchie de la Police nationale congolaise, de cette avenue pour débuter cette opération. Les éléments de Police nationale congolaise, dont certains étaient armés, allaient d’un magasin à un autre pour vérifier si cet alcool s’y trouvait ou non. Ils se sont également rendus dans les échoppes pour le même but.

Cette opération s’est soldée par la saisie des sachets et des bouteilles contenant cette liqueur interdite à Kinshasa et qui est à l’origine de la déperdition de nombreux Kinois, particulièrement des jeunes. En témoignent les cas d’ivresse avérée observée de la part de ceux qui boivent cette liqueur et qui, à la limite, les conduit dans un état de dépression mentale. Ce qui les conduit à poser des actes répréhensibles par la loi, sur la voie publique, tels que le vol avec violence et la destruction méchante des biens appartenant à autrui, les bagarres généralisées entre groupes de jeunes de différentes communes, munis d’armes blanches, etc.

Le phénomène « Kuluna », à la base des bagarres rangées et parfois répétées des jeunes dans les communes de Kinshasa et d’autres méfaits dont est victime la population, est né et accentué suite à la prise de cet alcool.

Parti de deux communes réputées pour les actes de banditisme, ce phénomène s’étend progressivement à travers d’autres communes, apprend-on de source policière. Interrogés par Le Potentiel, certains Kinois, tout en félicitant l’autorité pour la lutte - bien que tardive - contre la vente de cette « liqueur de la mort », estiment que celle-ci aurait dû commencer en amont, c’est-à-dire à partir des usines de fabrication de cet alcool , afin qu’elle soit une réussite totale.

Ils ont, par ailleurs, insisté sur le suivi de cette opération. Car, ont-ils expliqué, les Congolais prennent toujours de bonnes décisions dont l’exécution et le suivi posent problème.