Droit de réponse à l’article « Pole Institute au service de la balkanisation de la RDC »

Nous venons de prendre connaissance de l’article du journal Le Potentiel paru en version électronique le vendredi 8 mai 2009 et repris sur le portail Africatime.com dont le titre complet est : « Après plusieurs « plans » : Pole Institute au service de la balkanisation de la RDC ». Pareille accusation, dénouée de toute relation avec la vérité, ne devrait susciter que mépris envers son auteur, qui n’a même pas le courage de signer son navet. Cependant, la responsabilité de notre Institut et sa respectabilité reconnues par tous ceux qui n’ont pas la mauvaise foi comme seconde nature nous poussent à y réserver ce droit de réponse.

1. Des origines de Pole Institute

Adepte de la théorie de la conspiration globale contre notre pays, l’auteur de l’article prétend que Pole Institute est une créature des ennemis du Congo, qui à cette occasion, auraient même fait montre d’une grande subtilité. Nous ne savons pas à quels ennemis il fait référence, mais l’idée de la création d’un espace de dialogue et de négociation remonte à la réunion de mars 1997 « qui avait regroupé à Bonn quelques personnes du Kivu pour réfléchir à la crise qui secoue la région en particulier et les pays des Grands Lacs en général. Après cette réunion, les participants ont vu la nécessité de créer un cadre de réflexion et d’échanges pour promouvoir les valeurs positives communes aux peuples de ces pays, d’où la naissance de Pole Institute. » (Regards Croisés no spécial, 1999, p.3). La liste des participants à cette rencontre de Bonn, membres influents d’ONG et d’Eglises, universitaires et autres professionnels de pacification, est annexée à ce numéro inaugural du trimestriel Regards Croisés. Pour rappel, au moment où se tenait cette rencontre, la première rébellion, celle de l’AFDL, est en cours et la nécessité d’un espace où des Congolais pouvaient faire entendre une voix autre que celle des armes était plus qu’une nécessité. Dix ans après, le contexte n’a malheureusement pas beaucoup changé, même si les conflits ont parfois changé de nature.

2. Des objectifs de Pole Institute et de sa finalité

L’homme du Potentiel –nous n’osons pas l’appeler journaliste par respect pour la profession- a parcouru nos textes, qui sont publics et disponibles sur notre portail www.pole-institute.org. Il y relève notamment que notre Institut - (Se définit) comme un espace d’analyse et de recherche autour des grands défis locaux et leurs implications au niveau national, régional et international. Cet espace se propose aussi d’analyser et de renforcer des stratégies de survie des populations dans un contexte de guerre et de crise prolongée. - Se veut un espace d’analyse des économies de guerre pour dégager des pistes de renforcement des populations locales et de leurs activités. - A pour but: la construction d’une société dans laquelle chacun trouve sa place et redécouvre l’autre par le développement d’une culture de négociation permanente et l’identification des valeurs positives communes de même que la formation d’un type nouveau de personne indépendante d’esprit enracinée dans son identité tout en étant ouverte au monde.

Notre travail étant ancré dans un milieu (l’Est de la RDC) et dans un contexte (de guerre et de conflits), nous assumons cette finalité et continuons à demander à tous et à chacun d’y souscrire.

Par contre « initier, développer, renforcer et vulgariser les idées avant-gardistes en matière de paix, de reconstruction et de cohabitation des populations vivant en zones de crise » relève de la politique de Pole Institue et ne traduit pas sa démarche ni ses actions « sur le plan politique », comme l’écrit le journal. Tout cela est régulièrement repris en deuxième page de la couverture de nos publications et ne relève donc pas du scoop.

3. Pole Institute et le transfrontalier

Le Potentiel accuse, sans sourciller, Pole Institute d’avoir « l’idée fixe de casser les frontières du Congo dans sa partie orientale. » Cette idée, qui relève plus du phantasme que de la réalité politique et du real politik, n’a jamais effleuré notre Institut. A preuve, l’auteur cite lui-même l’idée d’un grand homme d’Etat africain, originaire du Mali, Ousmane Sy : « dépasser les frontières sans les effacer », idée que Pole Institute a adoptée dans la mesure où elle traduit cette nécessité de promouvoir un développement durable et l’intégration économique régionale mais dans le strict respect des frontières des Etats, et pas seulement dans la partie orientale de la RDC ! Nous ne voyons pas en quoi des notions telles que l’intégration régionale, le commerce au service de la paix ou l’instauration de la sécurité et la réduction de la pauvreté par le commerce des ressources naturelles dans la région des Grands lacs hérisse le nationalisme du Potentiel au point de lui faire crier à la balkanisation de la RDC. Nous sommes au XXIème siècle : le développement de la RDC ne peut s’imaginer en vase clos et les initiatives régionales (CEPGL, COMESA) constituent à coup sûr des leviers précieux pour l‘amélioration du commerce, la création des richesses et le bien-être des populations de cette sous-region.

Pour terminer, les populations de l’est de la RDC n’ont pas besoin de Pole Institute pour orienter leurs échanges vers les pays limitrophes orientaux : la proximité géographique, l’absence d’infrastructures reliant cette partie du pays à l’ouest les y poussent « naturellement », s’ils veulent être compétitifs.

Pour Pole Institute Onesphore Sematumba Chargé des Informations et des Productions Aloys Tegera Chargé de la Recherche et Manager

Ndlr-

Le Potentiel est très heureux d’avoir suscité ce débat. Certaines phrases sibyllines prouvent à suffisance que Le Potentiel a soulevé bel et bien une question intéressante. Car, des millions de Congolais ont d’ailleurs découvert l’existence de «  Pole institute » à travers cet article. Mais Pole institute doit-il justifier son existence après avoir invité à Bonn   « quelques personnes du Kivu », comme révélé dans ce droit de réponse ? Non. Le Kivu appartient à part entière à la République démocratique du Congo. Le Congo ne se limite pas au Kivu. Le Congo n’est pas un continent, mais bel et bien un pays au même titre que l’Allemagne où s’est tenue cette rencontre de 1997. Voilà pourquoi, lorsqu’en 1990 est intervenue la réunification de l’Allemagne, le monde entier a salué cet événement. Pourquoi tant d’instituts pour le Kivu ? Que l’on cesse de créer de la confusion dans la tête des gens.

Le Potentiel continuera à saluer toute initiative de Pole institute, quels que soient les guerres et conflits armés, s’il respecte la souveraineté de la RDC, son intégrité territoriale et la dignité des Congolais, et non s’ériger en  un « centre de recherche » pour des buts inavoués. Ce n’est pas un problème de «  nationalisme », et même encore, s’agirait-il d’un crime si l‘on est lucide ?

La proximité géographique n’a jamais posé un problème, depuis l’époque coloniale entre la RDC et ses voisins. Si les Congolais résistent aux idées que veut véhiculer le Pole institute afin de soutenir ceux qui prennent des armes pour des raisons « ethniques ou sociologiques », c’est parce qu’ils se sentent appartenant à une même nation, à un même Etat. Bien plus, la RDC appartient à la CEEAC, elle a adhéré à l’idée de relancer la CEPGL après avoir beaucoup contribué à sa création. Et maintenant, la RDC est membre de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL. Elle est aussi membre de l’IBN (Initiative du Bassin du Nil), de la SADC, …. La RDC l’a fait par conviction pour l’intégration régionale, le rapprochement des peuples de la région et en vue de favoriser le commerce transfrontalier pour le développement des pays de la région des Grands Lacs. Quel est ce pays qui a payé un si lourd tribut dans la région pour ramener la paix, la sécurité et favoriser le développement à l’image de la RDC ? Où se trouvait Pole institute qui n’a été créé qu’en 1997, juste après la première guerre d’agression contre la RDC. Allez-y comprendre quelque chose.

Source : le Potentiel/kinshasa